Daniel Cheynet, 46 ans, est le repreneur de Blaise Frères, au Chambon-Feugerolles (42). De formation technique (BTS électrotechnique), Daniel Cheynet a véritablement l’esprit d’entreprise dans le sang. Ses débuts professionnels, il les a faits au sein de Cheynet Groupe (74 ME, 900 salariés), l’entreprise familiale leader en Europe pour la fabrication de rubans élastiques pour la lingerie féminine, « à différents postes de techniciens, pour devenir directeur industriel de 1988 à 1998 ». Un poste qu’il occupe ensuite dans une autre filiale, avant de quitter Cheynet Groupe en 2002, pour devenir directeur général d’Houlès Industrie (passementerie d’ameublement). C’est là, de 2002 à 2008, qu’il se prépare à la reprise, tandis que le groupe familial, lui, s’en est remis à un partenaire financier depuis 1992. Ses critères de recherche sont clairs : « Une entreprise à taille humaine (moins de 50 salariés), en Rhône-Alpes, une activité florissante (pas de textile) et pétillante (pas délocalisable, passionnante), où je puisse être majoritaire sans capital-risque, c’est-à-dire à un prix de 2 ME maximum… »
> Le processus de la reprise
Daniel Cheynet mène ses recherches auprès d’experts-comptables, d’industriels, de banques et de conseillers financiers. Il approfondit l’étude de 4 à 5 dossiers en six ans et c’est l’expert comptable de l’une des sociétés étudiées qui lui propose Blaise Frères, en novembre 2007. « J’ai visité l’entreprise aussitôt, à plusieurs reprises, avant de conclure en mars 2008, par rachat d’actifs via une nouvelle SAS. » Quatre banques suivent alors Daniel Cheynet dans l’aventure ; il en choisit deux. « Elles apportent 70% et, avec trois associés, j’apporte le reste. J’ai finalement opté pour les banques de l’entreprise… Elles connaissent sa bonne rentabilité (20% environ), sa bonne cotation à la Banque de France, sa stabilité, etc. » Quant aux locaux, Daniel Cheynet les loue… pour l’instant. « Homme de consensus », tel qu’il se définit, il est actuellement au cœur de la période d’accompagnement par le cédant : « Elle durera six mois à un an, à ma convenance. » Premier objectif du repreneur : « Travailler sur la polyvalence des personnels, améliorer les process et les conditions de travail… »
> Point de vue du repreneur
« Il était forcément difficile pour le cédant, âgé de 68 ans, de couper le cordon avec son entreprise. Ce n’est pas un homme d’argent et il souhaitait passer le relais à quelqu’un qui comprenne cela ; je crois que mon passé et mon histoire lui ont plu… » Voilà comment Daniel Cheynet analyse sa reprise. D’ailleurs, précise-t-il, « il n’y avait pas de négociation possible… » Quant à la période de transition, actuellement en cours : « C’est forcément délicat pour un cédant, j’ai vu mes parents vivre cela. » Daniel Cheynet, lui, est satisfait de constater qu’à la tête de Blaise Frères il ne devrait pas avoir à connaître de situations aussi compliquées que dans le textile, que ce soit sur le plan social ou commercial.
> L’entreprise cible
Blaise Frères est une société créée en 1885, spécialisée en fabrication artisanale de lames de fleurets, d’épées et de sabres pour la haute compétition sportive (escrime). Elle emploie 15 salariés et réalise entre 1,6 et 1,8 ME de chiffre d’affaires, via la commercialisation de 50000 à 60000 pièces par an (65 produits différents), à destination de revendeurs spécialisés ou de fédérations sportives, dont 80% à l’export. Leader mondial du fleuret et de l’épée haut de gamme, « Blaise Frères équipe 80% des compétiteurs aux prochains JO de Pékin !, se félicite Daniel Cheynet. Et même si nous disposons d’un client majoritaire et d’un unique concurrent ukrainien, la demande reste supérieure à l’offre. »