Repreneur dans l’âme

8 septembre 2008

Isabelle Marie

Diplômé de l’école de management Audencia, à Nantes, Christophe Vitard, 48 ans, se destine à une carrière à des postes marketing et commerciaux dans de grands groupes. Il occupe diverses fonctions durant dix années au sein de Procter & Gamble, à Paris, où il est notamment chef de marque. Il a ensuite l’opportunité de prendre, en 1995, la direction de la société Vedette, qu’il occupe 4 ans, avant d’être sollicité pour créer la direction marketing du groupe Brandt en 2000. C’est alors qu’un fonds d’investissement lui propose la direction d’une société de fabrication de produit de grande consommation qu’il vient de reprendre… Mais des raisons familiales le dissuadent de déménager. « C’est cette opportunité manquée qui m’a ouvert à la reprise et à une carrière à la tête d’une PME », reconnaît-il. Il renoue alors avec un grand groupe et crée une direction commerciale pour Leclerc, où il reste jusqu’en 2004 avant de négocier son départ pour « reprendre un business ».

> La reprise
Ce que recherche alors Christophe Vitard, c’est une entreprise en lien avec l’aménagement de la maison, dans l’Île-de-France ou dans l’Ouest, avec 20 à 50 personnes pour 4 à 10 millions d’euros de CA. « Une entreprise où je serais décisionnaire », se dit-il après une nouvelle opportunité manquée, à Nantes cette fois. Les contacts activés dans l’Ouest portent leurs fruits et on lui propose rapidement, à l’issue d’une formation à la reprise, en mars 2005, la Boissellerie, dont il contacte immédiatement les deux associés cédants de 58 ans. « Les premiers contacts (très discrets) ont été bons et déterminants, même si je n’étais pas seul sur le coup. Nous avons parlé prix au troisième rendez-vous, en mai». La négociation bloque alors sur le coût de l’immobilier, mais le repreneur propose une solution (éviction d’une partie des bâtiments, conservée par les cédants), retenue en juillet, date de signature de la lettre d’intention. De quoi réduire l’écart (25% environ) entre les estimations des deux parties en présence.

> Le point de vue du repreneur
« Quand je me suis mis en quête d’un financement, en août 2005, mon business plan était prêt et contenait déjà les réponses aux principales objections possibles », explique Christophe Vitard. En effet, le repreneur n’a pas hésité à mentionner les différentes formations qu’il avait suivies ou qu’il allait suivre pour être à la hauteur de l’enjeu : formations à la reprise, aux métiers du bois, à la direction de PME… « Il est vrai que le challenge de remplacer simultanément deux dirigeants d’entreprise était de taille ! » Ensuite, le montage a fait le reste : « Le holding (SARL) que je détiens à 68% (contre 4% pour des membres de ma famille et 28% pour le fonds d’investissement Sodero Gestion) a repris la SAS la Boissellerie à 100% et la SCI propriétaire des murs à 49%. Quant à mon apport personnel, il se limite à un peu plus de 10% du prix total incluant un emprunt personnel sans garantie. »

> L’entreprise cible
Meubles La Boissellerie est une entreprise de fabrication de meubles en bois (notamment en orme gris d’Amérique du Nord, dont elle est le leader en Europe) créée en 1981 et basée à Treize-Vents, dans le nord du département de la Vendée. L’usine de 10 000 m² a fait l’objet d’un agrandissement en 2004 et est installée sur un terrain de 5 hectares. Elle emploie 50 personnes et génère un chiffre d’affaires d’environ 7 millions d’euros. Elle commercialise ses meubles auprès d’une dizaine d’enseignes sur le créneau du moyen et haut de gamme, représentant 800 points de vente en France (Crozatier, Mobilier de France, Atlas, etc.).