Le journal d’une reprise

23 avril 2010

Isabelle Marie

""Christophe Matho, 35 ans, a repris legroupe de presse et d’édition CPE – « Le Petit Solognot », à Romorantin (41). « Non seulement j’ai été tenté très jeune par les secteurs de le presse et de l’édition, mais, en plus, j’ai toujours eu envie de créer ma boîte. » Certes, les études de droit de Christophe Matho l’ont un temps éloigné de ses projets initiaux : « J’ai d’abord passé un an et demi dans un cabinet d’avocat, avant de travailler pour la ville de Salbris, pour créer et diriger l’agence de développement économique (six ans), puis à la tête de la direction des services (deux ans). » Mais c’est à travers la mission de reconversion d’une friche industrielle que le développement économique lui fait « découvrir la notion de LBO », ou « comment racheter une belle affaire sans avoir des millions en poche ».

> Le processus de la reprise
Témoin de l’implantation locale du « Petit Solognot », Christophe Matho tente d’approcher son dirigeant, qu’il sait potentiellement vendeur, fin 2008. « Pour ne pas me griller, j’ai préféré lui envoyer un pro de l’intermédiation. » Le rapport que rend le « messager », pourtant sceptique a priori, se veut résolument positif. La première rencontre entre le cédant et le repreneur a lieu quelques semaines plus tard, lors d’un déjeuner de travail. « Cette fois, j’ai découvert un personnage charismatique et directif, ce qui n’est pas forcément rassurant au moment de débuter des négociations. » Un comptable est bientôt missionné et quelques projets de montage financier émergent. «A ce stade, nous ne raisonnons pas en terme de prix, mais nous savons que l’affaire doit se payer entre 5 et 7 ans…»

> Le point de vue du repreneur
« Alors que le closing est programmé en juillet 2009, deux des trois banques de CPE sollicitées dans le cadre du LBO m’ont lâché au dernier moment ! Un coup dur car j’avais définitivement quitté mes fonctions précédentes et qu’il a fallu six mois pour retravailler le projet, six mois sans salaire ou j’ai dépensé toutes mes économies. Tout repreneur devrait se préparer à cela… alors que l’on n’est pas sûr de conclure l’affaire au final. Pour moi, heureusement, le principe de la vente a été acquis à l’automne 2009, grâce à deux nouveaux partenaires bancaires, avec une date de signature programmée le 5 janvier 2010, pour des raisons essentiellement fiscales. »

> L’entreprise cible
Le groupe CPE (Communication-Presse-Edition) a été créé en juillet 1994 par le repreneur de l’un des premiers titres de presse gratuite encore en activité : « Le Petit Solognot ». En une quinzaine d’années, ce groupe de Romorantin (Loir-et-Cher) spécialisé sur la thématique du terroir s’est fortement développé au-delà de son titre phare, en exploitant efficacement, à parts égales, plusieurs marchés de niches : « La presse, les périodiques annuels et l’édition. Si bien que la société génère aujourd’hui un chiffre d’affaires de 2,2 M€ et emploie, outre seize salariés permanents (administratifs, infographistes, commerciaux, distributeurs, journaliste), cinq pigistes et près d’une centaine d’auteurs dans toute la France. »