« J’ai toujours eu des velléités d’indépendance, l’envie de diriger ma propre entreprise une fois passée la quarantaine. » C’est en vertu de ce principe que Régis Chevrinais, 42 ans, repreneur de Quadrilaser, s’est méthodiquement et obstinément préparé à la reprise d’entreprise, depuis sa formation initiale jusque dans chacune de ses expériences professionnelles. « En obtenant un bac de compta et un DUT de gestion à l’université du Maine, explique l’entrepreneur d’origine mancelle, je pensais déjà à apprendre des notions utiles pour cela et quand je suis entré, dès 1988, dans le groupe Xerox, je l’ai fait afin d’acquérir des compétences et des techniques commerciales, puis des techniques de management et d’encadrement. » Et quand, en 2006, un plan social se profile, Régis Chevrinais ne laisse pas passer sa « chance » et formule une demande de départ volontaire…
> Le processus de reprise.
« J’ai rencontré le cédant de Quadrilaser en mai 2007. Le créneau de la photogravure était un peu différent de l’imprimerie stricto sensu, mais j’ai immédiatement senti que mon destin était là ! » Le repreneur a alors fait preuve de psychologie : « Il faut savoir séduire le cédant, en particulier quand il s’agit d’un passionné, c’est pourquoi je lui ai immédiatement parlé métier et lui ai exposé mon projet pour l’entreprise, afin de lui donner envie de me vendre son affaire. » L’approche de Régis Chevrinais va alors payer, sans pour autant lui faire éviter les tractations. « J’ai d’abord proposé un prix de 15% inférieur à son estimation de départ, puis un autre inférieur de 7 à 8 % à sa seconde estimation, mais qui prenait en compte un complément de prix indexé sur le résultat 2007… » Moins risqué.
> Le point de vue du repreneur.
« Sans la formation de quatre semaines dédiée à la reprise d’entreprise que Xerox a consenti à financer, je n’aurais pu être maître de toutes mes décisions ; j’aurais été obligé de remettre entre les mains d’experts et de conseils ma propre capacité d’appréciation. Cela m’a permis de me familiariser avec le langage complexe et déroutant de la reprise. J’ai également su très vite combien je pouvais financer et cela m’a incité à refuser une première affaire, trop grosse, proposée par un ancien client. »
> L’entreprise cible.
Créée en 1985, Quadrilaser (9 personnes, 1 million d’euros de chiffre d’affaires) est spécialisée en traitement de l’image et photogravure (réalisation des éléments nécessaires à l’obtention de la « forme imprimante »). La société est située à Ormes (45). Durant les 22 ans passés à la tête de cette entreprise, Richard Lippmann, son fondateur, a essentiellement développé son activité autour de deux savoir-faire : la préparation d’images destinées à la fabrication de catalogues produits pour la grande distribution (capture dans un studio photo, traitement et archivage) et la photogravure plus traditionnelle, notamment destinée à la fabrication de beaux livres comme « La Terre vue du Ciel » de Yann Arthus-Bertrand ou « Sahara » de Philippe Bourseiller, à la demande d’éditeurs comme La Martinière ou Le Chêne (Hachette), via des procédés de numérisation haut de gamme.