Quels sont les points saillants de l’étude que vous avez dirigée, intitulée « risques et opportunités de la transmission des entreprises industrielles » ?
Le point marquant est le constat du gros décalage qui peut exister en France par rapport à l’étranger sur la transmission familiale. Nous constatons que nous sommes à moins de 10 % en France contre plus de 50 % dans des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Italie. Nous avons donc un modèle de transmission des entreprises qui est fondamentalement différent.
Les entreprises ne sont pas suffisamment préparées à des possibilités de transmission. D’un point de vue psychologique, les chefs d’entreprises d’autres pays européens sont beaucoup plus ouverts. Le sujet est plus difficile à aborder en France et les entreprises ne sont pas forcément prêtes à la transmission. Ces dernières se font souvent trop rapidement.
Les dirigeants ne se préoccupent pas de la transmission suffisamment tôt. Il s’agit d’un sujet qui demeure tabou dans le monde de la PME en France aujourd’hui. Il faut vraiment faire comprendre que transmettre fait partie intégrante du métier de dirigeant.
Que peuvent faire les pouvoirs publics sur ce plan ?
Ce qui me paraît particulièrement important est de déclencher une logique de préparation. Il faut que les dirigeants se rendent compte que transmettre fait partie des actes de gestion. C’est ce que l’on a nommé dans nos propositions l’amélioration de la transmissibilité des entreprises avec un accompagnement à monter. Le ministère de l’Économie a des propositions à formuler en la matière.
Quelles sont vos autres propositions ?
Une autre de nos propositions est de stimuler un vivier de repreneurs présents dans l’entreprise. Il faut probablement alléger la fiscalité, mais surtout la simplifier afin de la rendre plus accessible à tous. Par ailleurs, les chambres de commerce sont probablement légitimes pour aider aux transmissions, encore faut-il aujourd’hui leur en donner les moyens, notamment en terme de bonnes pratiques.
La dernière proposition est d’aider au financement d’un projet de reprise. Nous avons proposé de créer une société publique d’investissement qui pourrait faire office de bailleur de fonds. Il faut faire en sorte que l’accès à la finance de rachat soit plus facile que ce qu’elle n’est aujourd’hui. Sur ce plan, alors qu’en France, il y a plus de 90 % d’entreprise à transmettre non familialement, il n’y en a que 35 ou 40 % à l’étranger. L’enveloppe globale de financement étant probablement la même à l’étranger, mais avec deux fois moins de repreneurs extérieurs cherchant des financements. C’est forcément plus facile.
Le plus pertinent est d’améliorer la préparation de la transmission. La vraie évolution peut venir de là. Le ministère est très partant sur ce plan. Hervé Novelli a beaucoup travaillé ce rapport avec ses équipes. Les choses bougent.