Une toute récente enquête de la Banque de France auprès de la plupart des établissements financiers du pays se révèle fort instructive. Il en ressort que, entre juin et septembre, et c’est sans doute pire depuis, plus des trois quarts des banques ont effectivement durci leurs conditions du crédit. Pour les dossiers concernant les PME, ce chiffre atteint 82 %. En moyenne, le taux a progressé de 0,6 point à 5,64 % ; la moitié des établissements a réduit son volume de crédit ; environ 60 % ont réduit la durée du remboursement et 60 % ont exigé des garanties plus fortes.
Dans ce contexte, il n’est donc pas étonnant que René Ricol, le tout nouveau médiateur du crédit, ait du pain sur la planche. Plus d’un millier de dossiers émanant de patrons de PME mécontents de la rigueur de leur banquier lui sont parvenus. Et ce, alors que le site internet du médiateur n’est pas encore opérationnel. Il le sera le 14 novembre. René Ricol pourra dès lors s’attendre à une véritable avalanche.
La frilosité des établissements bancaires et, en conséquence, la lenteur du processus de décision, sont unanimement dénoncées. Le fait que parallèlement, d’après l’enquête de la Banque de France, les marges bénéficiaires de ces mêmes banques progressent sera diversement apprécié.
Pour autant, le repreneur doit-il se tapir dans une position d’attente et espérer un retournement de conjoncture avant de se lancer ? Certainement pas. Les banques ne peuvent se permettre de fermer le robinet du crédit, surtout après le plan de soutien de 360 milliards d’euros du gouvernement à leur endroit. Le porteur de projet devrait, plutôt que de rester au port, apprendre à mener sa barque par temps difficile et s’adapter aux conditions du marché. Certes, le crédit est plus cher ; certes, les délais d’obtention sont plus longs ; certes, les négociations avec le banquier sont plus âpres. Certes. Mais le prix des cibles ne va-t-il pas devenir plus raisonnable ? Ce qui est, bien évidemment, l’élément fondamental. Voici une vraie raison d’espérer pour les repreneurs.