Philippe Alliot, 56 ans, a passé la plus grande partie de sa vie derrière un volant de Formule 1 (dans les années 80 et 90) ou de voiture de sport sur des compétitions aussi mythiques que les 24 Heures du Mans. Lorsqu’il cesse la compétition en 2006, rien ne le prédestine à la reprise. « Au départ, j’ai choisi de m’impliquer dans Philocolor, fabricant de peinture et de vernis, pour venir en aide à un ami, explique-t-il. Un peu à la façon d’un investisseur extérieur, pour apporter de l’argent et du sang neuf. Pour sauver une belle entreprise familiale aussi. Mais je me suis vite pris au jeu car la reprise d’une affaire en difficulté (redressement judiciaire entre 2005 et 2007), c’est une forme de compétition (face à d’autres repreneurs potentiels, NDLR) qu’on a envie de gagner ! »
> Reprise
« J’ai accepté d’étudier le dossier pendant deux mois avec mon frère Patrice, co-repreneur très expérimenté, qui est devenu statutairement le PDG de l’entreprise. Cet audit était une étape compliquée, intense, même si nous avons eu accès (comme beaucoup d’autres) à toutes les informations, via mon ami d’une part et l’administrateur judiciaire, très pointilleux, d’autre part. » Le jugement du tribunal en notre faveur est tombé le 27 avril 2007. Ceci bien que le plan de reprise comporte une indispensable salve de licenciements : 12 salariés repris sur 26. Côté financement, « nous avons investit, à 50/50 plus de 500 000 euros », détaille Philippe Alliot, qui additionne le rachat à proprement parlé (murs, stocks et actifs divers), les fonds propres et de quoi alimenter un BFR de trois mois.
> Point de vue du repreneur
« Ma notoriété de champion automobile n’a certainement pas joué face aux salariés, surtout préoccupés par leur sort. Elle a peut-être eu un impact devant le tribunal et a certainement séduit les banques historiques de l’entreprise – elles nous ont suivis malgré les pertes enregistrées précédemment – ainsi que certains clients et fournisseurs… Grâce à mes contacts chez les fournisseurs de matières premières (des pétroliers anciens sponsors), nous avons par exemple pu bénéficier de solutions techniques innovantes. »
> L’entreprise cible
Créée en 1897 à Montlouis-sur-Loire, près de Tours (Indre-et-Loire), où elle a conservé son siège, la société Philocolor-Prochinor est un spécialiste de la fabrication de peintures et vernis pour métaux industriels. Elle emploie 26 personnes pour un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros. Ses clients ? « Un tissu de PME/PMI de 3 à 500 salariés, en France et pour 15% à l’étranger également. » Des fabricants de pièces industrielles, de charpentes en acier (comme Eiffel), de wagons de trains ou de remorques de camions par exemple, qui trouvent parmi les 70 000 références de Philocolor (références informatisées liées à une formule spécifique) la « cosmétique » qui va conditionner en grande partie le succès de leur produit.