« J’ai toujours voulu diriger ma propre entreprise », confie Thierry Rousseau, 43 ans, le repreneur et désormais Pdg de Brisach, le fabriquant de cheminées. Pourtant ce sont des responsabilités de directeur financier, secrétaire général et directeur général pour Bouygues Construction France qui vont absorber, pendant dix ans, ce Lyonnais diplômé en contrôle de gestion. « J’ai ensuite voulu quitter l’univers des grands groupes, une magnifique école où l’on apprend à se comporter en eaux troubles mais où on finit par ne plus faire que de la politique ! » En 2000, un cabinet lui propose la présidence de la société de software Qualiac, à Aurillac. Une mission réussie qui lui entrouvre les portes d’un premier rachat… manqué. Dans la foulée, en octobre 2003, un ami avocat d’affaires lui propose le dossier Brisach.
> La reprise
« Ce fut long et psychologiquement difficile », confie le repreneur au sujet de la période d’évaluation, de négociation et de montage financier. Pour le prix, un multiple de l’EBIT corrigé de la dette nette permet de faire une première proposition en janvier 2004, avant d’emporter l’accord des propriétaires sur un montant supérieur de 12%. « Ce que j’ai négocié prioritairement, explique Thierry Rousseau, c’est l’exclusivité des tractations ! » Histoire de ne pas faire l’objet de pressions inutiles. Quant au montage juridique et financier… « Nous avons repris à 50/50, mais notre apport personnel ne dépasse pas 10% du total (avec caution personnelle), nous avons pu utiliser les bâtiments pour effectuer un lease back sur 12 ans ; les banques, elles, ont absorbé le reste de la dette senior. »
> Point de vue du repreneur
Thierry Rousseau s’est associé à Michel Bruchon, directeur financier de 60 ans, expert comptable de formation. Un associé rassurant : « J’avais besoin d’un alter ego, de courage aussi, face à ce dossier difficile. » D’ailleurs, quand, le 13 juillet 2004, à midi, les deux associés se retrouvent seuls aux commandes ils doivent par eux-mêmes se présenter au personnel. « Dans ces moments, on est content d’être deux. Surtout quand, en prime, on découvre plusieurs « cadavres » dans les placards. »
> L’entreprise cible
Créée en 1961 par un artisan fabriquant de cheminées qui lui a donné son nom, la société René Brisach a été l’une des premières à industrialiser sa production. Ceci pour les cheminées à feu ouvert, puis pour les foyers fermé. Mais, depuis sa reprise par trois fonds d’investissement en 1995, elle a cessé de se développer. En 2004, lors de sa cession, elle compte 240 salariés pour 29 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le siège et l’usine de fabrication se trouvent à Sainte-Maxime (35 000 m² de bâtiments sur 50 000 m²). Le groupe compte deux autres sites, à Lectoure, dans le Gers (cheminées haut de gamme sur mesure), et à Castillon-du-Gard (carrière et premières transformations).