Tout repreneur doit rassurer le personnel de sa cible. Même si ce n'est pas toujours évident …

6 novembre 2007

Isabelle Marie

Souhaitons bien du courage à Bernard Arnault. Le richissime patron de LVMH, qui vient de s’emparer du quotidien Les Echos, après un combat de quatre mois, va devoir jouer sur du velours avec ses nouveaux salariés. L’encre de la signature au bas de l’accord était à peine sèche que ces derniers décidaient déjà de la non parution de leur journal, en signe de protestation. Certes la reprise d’une entreprise de presse, du fait de ses divers particularismes, s’avère incontestablement plus délicate que celle d’une société d’un autre secteur. Cela tient, en partie, au fait que sa principale richesse réside dans les compétences de ses femmes et de ses hommes et non dans des process de fabrication, dans une ligne de produit ou encore dans des machines.
Le rachat des Echos constitue un cas certes atypique mais révélateur de l’importance du facteur humain dans le devenir d’une reprise d’entreprise et ce, quelle que soit sa taille. Une mauvaise gestion des ressources humaines peut même compromettre l’opération. Le repreneur va se retrouver face à des salariés dans l’expectative. Dans la crainte de l’inconnu. Nombre d’entre eux pourront représenter une vraie force d’inertie face aux changements que le nouveau venu souhaitera naturellement opérer. Ce dernier devra promptement identifier les leaders d’opinion et les hommes clés de l’entreprise qui peuvent tout autant être source de blocage et de résistance que devenir des vecteurs de réussite.
Beaucoup peut dépendre des premières actions du nouveau patron. Celles-ci seront nettement plus importantes sur le plan symbolique que strictement opérationnel. A travers ses premières décisions, le repreneur devra certes marquer son territoire mais surtout rassurer en prouvant sa valeur, sa compétence et son souci de l’avenir de l’entreprise. L’exercice n’est pas simple. Bernard Arnault tente de rassurer depuis quatre mois. Il n’y est toujours pas parvenu.