La branche tourisme mérite toute l’attention du repreneur potentiel : 18 000 hôtels, 11 000 campings, 800 tours opérateurs voyagistes. Chaque année, 8% à 10% des structures d’hébergement touristique marchand, du gîte rural au meublé touristique, font l’objet d’une reprise. Soit près de 14 000 opérations en 2006. Par comparaison, la moyenne nationale oscille entre 3 à 5 % tous secteurs confondus. La raison de ce taux important de reprise dans le tourisme est connue : en hôtellerie classique ou de plein air, le bien est amorti en cinq à sept ans. L’entrepreneur rachète alors plus grand afin d’accroître chiffre d’affaires et marge. Ce n’est pas un hasard si 40% des repreneurs n’en sont pas à leur première expérience de reprise. Il est à souligner que le tourisme est l’un des très rares secteurs où le nombre des reprises est équivalent à celui des créations pures. En 2006, le tourisme a représenté 6,3 % du produit intérieur brut (jusqu’à 15% dans certaines régions) pour un chiffre d’affaires de 68 milliards d’euros.
> Le repreneur doit se montrer prudent
Beaucoup d’experts conseillent de jouer la prudence en reprenant, par exemple, en location-gérance avec option d’achat, ce qui laisse le temps d’apprendre à reprendre et de se créer un réseau. Car ne réussit pas dans le tourisme qui veut. Seulement 20% des repreneurs viennent d’un autre secteur professionnel. Il suffit de deux mauvaises saisons pour créer une situation de surendettement surtout si le foncier est repris aussi, les charges fixes sont alors écrasantes. Et une mauvaise saison est vite arrivée.
L’asphyxie financière est un cas de figure malheureusement assez fréquent. Elle peut survenir du fait d’un actif surévalué ou d’un passif occulté ; ou bien lors d’une cession d’une affaire trop intuitu personae (cas moins fréquent en camping) qui par le seul départ du cédant fait chuter de 40% la clientèle. Pour contrer ces aléas, il est conseillé de se constituer une cagnotte qui équivaudra, soit à deux ans de revenus, soit à environ 5% du coût d’acquisition de l’affaire reprise (qui servira également aux projets de modification). D’autant que les premières années, il n’est pas rare de ‘vivre sur la bête’ et de ne dégager que de faibles revenus. Ce phénomène est particulièrement vrai pour le secteur des chambres d’hôtes (plus de 1 500 nouvelles par an) et des gîtes ruraux (plus de 2 000 nouveaux par an).
> Avis d’expert : Véronique Farinot, responsable du service Tourisme à la CCI du Loir et Cher
" En hôtellerie, nous constatons un tiers de défaillances pour un tiers de créations et un autre tiers de reprises. Entre les hôtels, campings, restaurants, agences de voyages traditionnelles ou celles sur Internet, seulement 20% des dossiers de repreneurs aboutissent. La plupart des autres ont vu trop grand ou se sont découragés " .
> Témoignage : Eric Feurtet, repreneur de l’Hostellerie Le Cèdre, à Beaune (21)
En 1993, il achète le fonds de commerce, et un de ses amis les murs. A l’époque, il est salarié agricole et travaille le week-end dans un Campanile. Il convainc le propriétaire du Campanile de s’engager dans l’aventure avec eux. Tous trois s’associent. Au bout de trois ans, Eric Feurtet vend sa maison pour pouvoir racheter la part de l’un des associés. Puis, c’est l’ami initiateur du projet qui souhaite céder les murs et les 40% des parts qu’il possède. Eric Feurtet créé une holding pour acquérir le capital, et une SCI pour gérer les murs. Il a été suivi par sa banque motivée par l’évolution du chiffre d’affaires. Sept ans plus tard, le CA avoisine les trois millions d’euros. " Il faut impliquer les équipiers, respecter leurs droits et acquis, aller chercher le client et ne pas attendre comme dans les années 80 derrière son comptoir. Pour moi, un hôtel, c’est un théâtre. Vous devez réunir les bons acteurs ; pour cela, il faut être respectueux de leurs droits et de leur temps de travail. Et il faut un beau décor, tendance et confortable ", estime-t-il.