Techniques d’évaluation : des bases à maîtriser pour réussir sa reprise ou sa cession d'entreprise

22 septembre 2009

Isabelle Marie

Pour le cédant comme pour le repreneur, l’évaluation peut être vue comme l’élément clé du processus de reprise. De son niveau va dépendre la possibilité ou non du repreneur à s’engager dans l’opération. La décision du cédant d’attendre quelque temps pour vendre peut aussi en découler.
Les incidences de cette opération sur la solidité et le développement de la cible doivent également être prises en considération. Le repreneur qui aura payé sa cible manifestement trop cher va consacrer une part trop importante du cash flow au remboursement de la dette senior, au détriment, bien entendu, d’investissements synonymes de croissance.
On l’aura bien compris, les enjeux de l’évaluation sont considérables. Paradoxalement, il s’agit d’un domaine que les deux principaux intéressés, à savoir le repreneur et le cédant, ne maîtrisent généralement pas ou peu. À leur décharge, la complexité de ces procédures est évidente.
Toutefois, il est important que le vendeur et l’acquéreur puissent conserver leur liberté de jugement face à l’évaluation qui leur est présentée. Dans ce domaine comme dans bien d’autres, liberté rime avec savoir. Les chefs d’entreprise comme les porteurs de projet ont tout intérêt à connaître les grandes lignes des différentes méthodes d’évaluation et surtout leurs biais. On ne saurait que trop leur recommander, à cet égard, la salutaire lecture de l’ouvrage d’Édouard Camblain « Les pièges de l’évaluation d’entreprise » (Vuibert).
Quelques connaissances sur le sujet leur permettront d’être critiques face à l’évaluation réalisée par leur expert, de pouvoir en discuter avec ce dernier en connaissance de cause et surtout de devenir un véritable acteur dans la phase de négociation portant sur le prix de cession. La méthode des multiples et la DCF seront à regarder avec attention.
La connaissance de quelques-uns des pièges et autres biais des méthodes d’évaluation s’avère nécessaire. À titre d’exemple, concernant la méthode des multiples, il peut être utile de savoir qu’une transaction effectuée dix ans en arrière n’est pas forcément une bonne référence tant l’environnement économique a changé. De même, le prix « affiché » de la transaction n’est peut-être que partiel et de ce fait peut induire en erreur : un complément de prix a, par exemple, pu être payé ultérieurement ou un échange capitalistique a pu être opéré.
Bref, les pièges propres à l’évaluation sont nombreux et les experts peuvent commettre des erreurs. Les chefs d’entreprise sur le point de céder et les repreneurs potentiels devraient se plonger d’urgence dans les quelques bons ouvrages sur le sujet.