Statistiques sur les reprises d'entreprise : ce que l’Insee semble incapable de faire, la CCI de Haute-Savoie l’a réalisé

28 septembre 2010

Isabelle Marie

Les dernières statistiques nationales sur les reprises d’entreprise en France remontent à 2006. Depuis, l’Insee nous assure que du fait d’une nouvelle réglementation européenne, il ne lui est plus possible de tenir ce type de comptes. L’Europe a bon dos. Mais surtout on se demande comment une structure publique forte de plusieurs milliers de fonctionnaires ne peut pas compiler les données relatives aux transmissions d’entreprise ? Ce type d’opération ne se fait pas en catimini. L’Insee pourrait trouver des informations auprès de nombreux acteurs : centres de formalité des entreprises, administration fiscale, notaires, etc.
Pourtant, les professionnels de la transmission savent bien que des données précises pourraient s’avérer fort utiles pour élaborer une politique à même de fluidifier ce marché et éviter que, chaque année, des milliers d’entreprises disparaissent faute de repreneurs. Mais la tâche semble bien trop ardue pour l’Insee.
Ce que l’Insee ne semble pas capable de faire, la CCI de Haute-Savoie vient de le réaliser. Cette dernière a non seulement pu dénombrer le nombre total de reprises conclues dans le département en 2008 (848), mais aussi mener un travail qualitatif. Ainsi, la CCI de Haute-Savoie nous apprend que 45 % de ces opérations sont des reprises de fonds de commerce et que 32 % sont des achats de titres.
Autre enseignement : seul un tiers des cessions a été effectué du fait du départ en retraite du cédant. Ce dernier chiffre, qui n’est pas une estimation mais qui traduit une réalité concrète, s’avère fort instructif. A titre d’exemple, les candidats à la reprise qui démarchent spontanément les entreprises savent désormais qu’il ne faut plus cibler uniquement les affaires dirigées par un sexagénaire. De même, les pouvoirs publics peuvent en déduire que les campagnes de communication à destination des cédants devront être élargies à un public de dirigeants autre que ceux proches de la retraite.
Ces deux simples exemples montrent tout l’intérêt et tous les enseignements que sont à tirer de statistiques à la fois exhaustives et qualitatives. On peut toujours se prendre à rêver que l’Insee suivra le salutaire exemple de la CCI de la Haute-Savoie et étendra ce travail à l’ensemble du territoire.