Services à la personne : pas si simple

9 décembre 2008

Isabelle Marie

""Si la création d’entreprises bat son plein depuis le plan Borloo de développement des services à la personne lancé en 2005, la problématique de la transmission est encore marginale. « C’est un secteur en phase d’émergence. Les structures commerciales sont jeunes », analyse Henry Savajol, directeur des études à Oseo. Mais avec le temps, des opportunités apparaissent. Daniel Hoareau qui a racheté en 2005, à Dijon, la société d’aide aux personnes âgées « AAD Bourgogne » pour 25 000 euros, l’affirme : « quand j’ai entamé mes recherches en 2003, il y avait très peu d’offres. Aujourd’hui, il y a en davantage ». La plupart des affaires proposées à la vente sont mal en point ou tournent au ralenti. Mais profiter de l’expérience du cédant peut s’avérer fort utile car le marché est moins facile qu’il n’y paraît. Difficultés à trouver du personnel qualifié dans certaines activités (ex : la petite enfance), nécessité de se faire connaître auprès des prescripteurs et des collectivités pour toucher la clientèle dans d’autres (ex : l’aide aux personnes âgées)… les contraintes varient selon le type de services proposés.

> L’indispensable agrément
Il existe deux types d’agrément ouvrant droit à des allègements de charges sociales pour l’entreprise et à une réduction d’impôt sur le revenu pour les clients. L’agrément « simple », facultatif, concerne les services de confort (entretien de la maison, préparation des repas…). Tandis que l’agrément « qualité », plus exigeant, est obligatoire pour les activités dédiées aux publics fragiles (personnes âgées dépendantes de plus de 60 ans, personnes handicapées dépendantes, enfants de moins de 6 ans). « Il est plus ou moins facile de l’obtenir selon les zones car les DDTEFP (directions départementales du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle) ont des politiques différentes », pointe Arnaud Maigre, directeur de Réseau +, spécialisé dans l’accompagnement des entrepreneurs de services à la personne.
A ce jour, 21 activités sont éligibles au titre de l’agrément.

> De nouveaux modèles économiques à inventer
Pour dégager des bénéfices substantiels et perdurer, il va falloir inventer des modèles économiques astucieux car le secteur devrait connaître un vaste mouvement de concentration. L’avenir rimera sans doute avec nouvelles technologies et formules d’abonnement pour assurer une récurrence du chiffre d’affaires. En attendant, pour rentabiliser le back-office (comptabilité, gestion, communication…), certains organismes ont diversifié leurs activités comme la société O2 qui a ajouté la garde d’enfants à ses prestations de ménage et repassage. « D’autres ont opté pour une organisation en réseau, histoire d’atteindre la taille critique », note Jean-Paul Vimont, directeur général adjoint de la chambre de commerce et d’industrie d’Alençon et auteur de l’ouvrage « Réussir sa création d’entreprise dans les services à la personne »*.
* Editeur : Wolters Kluwer France.

> Avis d’expert : Jacques Manardo, président de la fédération des entreprises de services à la personne (FESP)
« Il faut avoir une parfaite connaissance du métier car il est très particulier ». D’abord parce qu’on entre la sphère intime des gens. Ensuite, parce que les prestataires se heurtent à un problème culturel. « Les Français ont du mal à passer d’un culture industrielle à une culture de services. Ils ne sont pas encore prêts à payer le « juste » prix d’un service hormis pour le soutien scolaire ». Résultat : le travail au noir continue de gangrener le secteur. « On perçoit 10 % des sommes réellement versées par les Français pour du service à la personne ». Il faudra sans doute attendre encore de plusieurs années avant que les efforts déployés par le gouvernement pour solvabiliser la demande des ménages ne portent leur fruit.