Qu’est-ce qui a motivé le rachat d’une exploitation viticole ?
Ingénieur chimiste de formation, j’ai travaillé dans l’industrie chimique comme technico-commercial puis dans une société de services informatiques, à Lyon. En 2001, je me suis rendu compte que j’avais fait fausse route. D’où cette reconversion. J’ai d’abord préparé un BTS agricole spécialité viticulture œnologie, en parallèle de mon activité salariée. Avant de démissionner en 2003 pour aller travailler chez un vigneron dans le Beaujolais pendant deux ans. En 2004, j’ai commencé à chercher une propriété, mais sans bâtiment d’habitation, car à ce prix, le projet n’était pas viable. Deux ans plus tard, j’ai trouvé, via la Safer, un domaine de 10 hectares créé en 1998 sur les contreforts du Larzac, classé en AOC Coteaux du Languedoc. L’outil de production était moderne et adapté à ce que je voulais faire, à savoir un vin qualitatif aux accents du terroir, qui sorte de l’ordinaire, avec un petit rendement. Coût total de la transaction : 270 000 euros pour les vignes, le matériel et le stock.
Comment avez-vous financé l’acquisition ?
J’ai obtenu 23 000 euros au titre de la dotation aux jeunes agriculteurs ainsi qu’un prêt bonifié de 100 000 euros à 1 % auprès du Crédit Agricole. Pour boucler le financement, j’ai sollicité la famille, les amis… Le bouche à oreille a tellement fonctionné que 80 personnes ont investi dans le projet. Mon épouse, qui travaille à plein temps dans l’entreprise, et moi-même détenons en propre un tiers des terres. Les deux tiers restants appartiennent au groupement foncier agricole (GFA) que j’ai créé, dans lequel je suis majoritaire et qui me loue les vignes en vertu d’un contrat de fermage. Les investisseurs privés, quant à eux, possèdent des parts du capital du GFA. Je leur rends des comptes sur l’activité, mais ils n’ont aucun droit de regard sur ma façon de travailler. Selon les statuts, ils doivent conserver leurs parts pendant au moins 3 ans. Au-delà, s’ils souhaitent vendre, nous sommes prioritaires.
Les débuts sont-ils prometteurs ?
Je n’ai pas de salarié permanent, mais pour les premières vendanges, nous avons pu compter sur l’aide du cédant. Ensuite, on a volé de nos propres ailes. La plus grosse difficulté se situe au plan commercial. Il y a une multitude d’acteurs ayant des rôles, des tailles et des modes de fonctionnement très variés. Ce n’est pas évident à comprendre. Nous avons conservé les principaux clients de notre prédécesseur : quelques gros cavistes en Bretagne, à Paris et aujourd’hui à Lyon ainsi que deux clients à l’export, en Belgique et en Angleterre. Nous avons créé un site Internet, car c’est une vitrine indispensable, notamment pour l’étranger. Et un agent va nous représenter à l’export. Enfin, nous prospectons les cavistes. Les débuts sont plutôt encourageants. Le chiffre d’affaires est passé de 70 000 euros en 2006 à 100 000 euros en 2008. En outre, l’une de nos cuvées 2007 est référencée dans le guide des meilleurs vins à petits prix 2009 édité par la Revue du vin de France. Une autre a récolté 14,5 / 20 dans le Grand guide des vins de France 2009 de Bettane & Desseauve.