> Avant reprise
Après plusieurs expérience de cadres (service études de Spie Batignolles, service méthodes de Citroën), Pierre Marol, 52 ans, ingénieur formé à l’Ensta, a d’abord tenté de reprendre une PME fabricante de moule pour l’injection plastique : « Ce fut un échec car le business plan n’était pas crédible », raconte-t-il. Il est alors entré à la CGP, filiale d’Alstom aujourd’hui appelée Alstef : « Devenu directeur du site en 1996, j’ai lancé la manutention de bagage pour les aéroports… Puis, quand Alstom s’est retiré et nous a vendu (Alstef et Alstec, sa consoeur britannique) à un investisseur, je suis devenu Pdg du site français : j’ai alors tout fait pour le rendre le plus autonome possible, techniquement et financièrement (cautions bancaires) et anticiper une éventuelle opportunité de reprise. » L’occasion s’est présentée six ans plus tard, en 2006.
> Le cadre de la reprise
« Pour valoriser Alstef, je me suis fondé, avec l’aide de la banque, sur la capacité de remboursement de la dette sur cinq à six ans, via le cash flow généré », explique Pierre Marol. Pressé, le vendeur n’a pas trop négocié. Le repreneur a alors partagé la dette entre deux banques et les parts du holding de reprise entre lui (50,1%), cinq autres membres de la direction (25%) et… le personnel (25%). « Tout le monde me l’a déconseillé, se souvient-il. mais c’était pour moi un acte de management, surtout pour une équipe qui comprend une cinquantaine d’ingénieurs et des salariés très attachés au projet d’entreprise. »
> Point de vue du repreneur
« De 140 salariés et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2005, nous sommes passés à 160 salariés et 30 millions d’euros en 2006 et visons les 40 millions pour 2007 », se félicite Pierre Marol. Selon lui, ce sont les jalons posés en anticipation de cette reprise « interne » qui portent aujourd’hui leurs fruits, en particulier pour les marchés aéroportuaires. « L’exemple de notre technologie de sécurisation et de traçabilité du convoyage de bagage DCV est parlant sur ce point : en 2007, nous l’avons installé à Toulouse, vendu à Dubaï (Emirates) et à aussi Montréal… ». Alstef vient même de créer sa propre filiale au Canada.
> L’entreprise cible
Alstef (160 personnes et 30 ME de CA), basée à Orléans, est concepteur-ensemblier de systèmes automatisés de manutention et de stockage grande hauteur de palettes, pour le secteur logistique, et de systèmes de convoyage, tri et contrôle de bagages, pour le secteur aéroportuaire. Créée en 1961, la CGMS (Compagnie générale de manutention et de stockage) a été rachetée par Alstom en 1978, pour devenir la CGP (Compagnie générale de productique) en 1984 et Alstom Automation en 1994.
Partie prenante d’un nouveau groupe, Alstec, lors de la cession (LBO) par Alstom au fonds britannique Gresham, en 2000, elle devient Alstef Automation. Puis elle intègre de nouveaux locaux en 2002 (2000 m² de bureaux et 1600 m² d’ateliers). Elle vise un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros d’ici trois ans, réalisé à 60% dans un secteur aéroportuaire en forte croissance (trafic en hausse, renforcement de la sécurité), grâce, notamment, à sa technologie DCV (Destinated coded vehicle) qu’elle est l’une des deux seules sociétés à maîtriser dans le monde.