Reprise en terrain connu

13 janvier 2009

Isabelle Marie

""« J’ai repris Paindor alors qu’elle était en perte de vitesse, dotée d’un outil industriel vieillissant, commente le repreneur. Mais elle était par ailleurs très largement surévaluée et ce n’est qu’après une année de tractations que j’ai pu convaincre les cédants ! » François Ducellier, 54 ans, est un repreneur qui sait prendre son temps, puisqu’il a conclu sa démarche de recherche d’entreprise après deux ans de recherche ! Il est un habile négociateur et surtout un fin connaisseur du domaine d’activité dans lequel il a choisi d’entreprendre, après un parcours ponctué de postes à responsabilité au sein de directions commerciales ou « achats » d’industriels agroalimentaires.

> Une formation à la reprise d’entreprise
Ne lui manque, en fait, que quelques compétences en analyse financière des dossiers de reprise, voir une méthodologie adaptée. «J’imaginais une reprise, mais je ne savais pas comment m’y prendre… Et dès le premier mois, j’ai dû étudier un dossier (pas intéressant financièrement) qui m’a ouvert les yeux sur mes lacunes. »
François Ducellier s’offre alors une formation de cinq semaines, en immersion dans un groupe de futurs repreneurs. L’occasion de « restructurer (ses) connaissances », de stimuler son propre projet et de l’affiner aussi. Sa méthode ? « Explorer le terrain en prenant des rendez-vous dans chaque préfecture avec les différents réseaux, des CCI aux experts-comptables en passant par les banques, etc. » Et les premiers dossiers lui parviennent ainsi à compter de septembre 2005… jusqu’à fin 2006. « J’en ai parcouru rapidement une centaine, étudié 25, approfondi huit et creusé cinq jusqu’à faire une proposition… »

> Six mois de négociation
« C’est une banque de Tours qui m’a mis en relation avec les cédants en mars 2006, se rappelle-t-il. Le premier contact s’est bien passé ; nous n’avons pas parlé argent, mais l’entreprise m’a paru largement surévaluée. Lors d’une nouvelle entrevue, je leur ai fait part d’une proposition représentant 40% du prix affiché, en leur expliquant que personne ne serait en mesure d’emprunter à une banque sans tenir compte de la rentabilité de l’entreprise ! » C’est seulement six mois de négociations plus tard, le 31 mai 2007, que la vente est signée. « J’ai créé la société holding SAS Artocope dont je suis actionnaire à plus de 99%, pour reprendre 100% de la SAS Paindor. Ceci via un tiers d’apport personnel et deux tiers d’emprunts souscrits auprès de deux banques. » Nouvelles recettes
Les 86 salariés font alors part au repreneur de leurs inquiétudes et de leurs encouragements. Certains savent alors qu’une réorganisation est inévitable, comme par exemple l’arrêt de l’activité pâtisserie. Mais le repreneur prend toutefois garde à ne pas précipiter le changement dès son arrivée. En tout cas pas pendant les trois premiers mois, pendant lesquels était organisé le passage de relais avec le cédant.

> Paindor, boulanger régional
La boulangerie industrielle Paindor réalise un chiffre d’affaires de 6 millions d’euros, grâce à ses activités de boulanger (75%) et de viennois (25%) sous deux formes : le frais et le surgelé. « Nous transformons 4 000 tonnes de farine chaque année, l’équivalent de 20 millions de baguettes si nous boulangions le tout ! ». Le frais, qui représente un tiers de l’activité, est produit 365 jours par an, en réalité la nuit pour être livré le matin dans un rayon de 70 kilomètres (Orléans, Blois, Montargis, Chartres, etc.) par une flotte de 10 camions.