Malgré la « passion du papier » qui l’anime « depuis toute petite », Viviane Rousset, 44 ans, ne se destinait pas à reprendre les Editions de Saxes (Lyon) , créée par ses parents en 1962. « Je suis diplômée de l’Institut des affaires européennes, une école de commerce qui devait me conduire à devenir manager ; puis je suis entrée dans l’entreprise familiale en 1986, avant de créer une filiale (Fullfillment Informatique, 5 personnes), spécialisée en marketing direct et gestion de fichiers, vendue au groupe hollandais Keesing avec EDS, en 2002. J’étais enceinte au moment de la transaction et, au lieu de reprendre le tout, j’ai préféré faire un break de deux ans, pour élever mes trois petites filles. » Deux ans plus tard, en 2004, Viviane Rousset se met en quête d’une autre reprise. Elle étudie, en vain, trois propositions. « Puisqu’il fallait avancer tout de même, j’ai finalement créé en 2005… une collection de magazines de loisirs créatifs ! J’ai ainsi parfait ma formation et appris à connaître le métier du côté de l’édition et de la presse. »
> La reprise
Au printemps 2007, en effet, EDS reprend contact avec la famille Rousset, père et fille. « Ses dirigeants nous avaient placés en première position sur la liste des repreneurs potentiels de l’entreprise, désormais confrontée à des problèmes financiers (chute de 50% du CA, licenciements, résultat négatif) et remise en vente. Nous nous sommes immédiatement soudés sur ce projet… » Cette fois, à la différence de la première vente d’EDS en 2002, Viviane Rousset se sent à la hauteur de l’enjeu et entame, aux côtés de ses parents, les négociations. « Il nous a été difficile d’obtenir des infos, explique Viviane Rousset. Nous savions que le climat social et les résultats n’étaient pas au beau fixe, mais nous n’imaginions pas l’état réel de l’entreprise en interne. » Le 22 octobre 2007 la reprise est scellée.
> Le point de vue du repreneur
La négociation entre le groupe cédant et les repreneurs-fondateurs d’EDS tourne court : « Nous étions forcément très intéressés et nous avons parfois pris les chiffres avec une charge affective, y compris le passif social que nous avons conservé et qui nous a ensuite conduit à trois Prud’hommes ! », regrette Viviane Rousset. Ses parents ont alors 67 ans, ils sont retraités et sont restés « sensibles au devenir de l’entreprise » ; quant à elle, elle considère EDS comme sa « petite sœur ». du coup l’aspect émotionnel a peut-être trop compté dans les négociations…
> L’entreprise cible
Créée en 1962, les Editions de Saxe publient des périodiques et des livres de loisirs créatifs, de beaux-arts et d’art du fil. L’entreprise, installée depuis la fin des années 70 dans le 7e arrondissement de Lyon, emploie jusqu’à 50 personnes en 2002, pour 12,8 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais après sa vente au groupe Keesing, son activité de chute de 50% et ses résultats deviennent négatifs. Actuellement, EDS emploie 24 personnes et édite 14 bimestriels (15000 à 50000 exemplaires chacun) vendus en kiosque, une trentaine de livres par an vendus en librairie, de nombreux fascicules thématiques (5000 exemplaires chacun sous 3 titres différents) pour les réseaux de magasins et la VPC, ainsi que des catalogues destinés à la vente directe par correspondance.