Sans grande surprise, le nombre de faillites d’entreprises ne cesse de progresser. Les défaillances ont progressé de plus de 21 % au premier trimestre de cette année par rapport à la même période de 2008. Un peu plus de 15 200 jugements d’ouverture de procédure de redressement ou de liquidation judiciaire ont été prononcés. Par ailleurs, de plus en plus d’entreprises en difficulté cèdent tout ou partie de leur capital afin d’éviter, justement, la phase judiciaire. Dans le même temps, crise oblige, le nombre de cibles saines arrivant sur le marché tendrait à stagner voire à baisser quelque peu.
Au vu de ces éléments, la tentation peut être forte pour des repreneurs potentiels de se tourner vers une entreprise en difficulté, « produit » aujourd’hui relativement abondant sur le marché. Mais dans les faits, reprendre une entreprise en difficulté a tout de la fausse bonne idée.
Le repreneur personne physique doit savoir qu’il sera certainement concurrencé par une entreprise du même secteur qui souhaite se développer par croissance externe. Cette dernière aura l’avantage de posséder des moyens financiers, d’avoir une bonne connaissance du secteur et très probablement de bien connaître le potentiel réel et les véritables faiblesses de la cible. En cas de reprise à la barre, ces éléments ont toutes les chances de faire pencher le juge en sa faveur.
S’il franchit ce premier écueil d’ordre concurrentiel, l’avantage évident pour le repreneur est que la reprise se fera à bas coût. Certes. Mais il sera rapidement confronté à l’obligation d’injecter des fonds pour redresser puis développer la société. Sinon cette dernière, selon toute probabilité, périclitera. Le repreneur peut aussi être contraint de licencier, ce qui coûte cher. Face à ces besoins de financement, les banques risquent fort de se montrer particulièrement frileuses. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, elles se méfient des entreprises qui présentent des risques. Le repreneur qui a pu certes racheter à un prix intéressant risque donc fort de connaître de vraies difficultés pour assurer le redressement indispensable de la cible.
En dépit de ces difficultés potentielles, et pour avoir la moindre chance de succès, le repreneur devra impérativement venir du même secteur d’activité que la cible. Tous les spécialistes s’accordent à dire qu’il s’agit d’une règle absolue dans le cadre de la reprise d’entreprise en difficulté. Car le repreneur devra savoir très rapidement prendre les bonnes décisions en fonction du marché, des stratégies de la concurrence, des réactions des clients, etc. En période de crise, et aux commandes d’une structure en mauvaise santé, le repreneur n’aura pas le temps d’apprendre. Il devra être opérationnel immédiatement.
Si, à première vue, le challenge de relever une PME peut paraître motivant, les écueils sont nombreux. Il semble bien plus sage que, pour une première reprise, le porteur de projet oriente son choix vers une cible saine, quitte à ce qu’elle soit de taille modeste. Il pourra par la suite la faire prospérer sans prise de risque inconsidérée.