Reprendre petit et grandir par croissance externe : une solution anti-crise ?

9 décembre 2008

Isabelle Marie

En ces temps difficiles, où les banques se font moins prêteuses, où les fonds se montrent beaucoup plus sélectifs et où le patrimoine personnel placé en bourse s’est sensiblement déprécié, nombre de repreneurs potentiels doivent se contraindre à se tourner vers des cibles plus modestes par rapport à ce qu’ils avaient initialement espéré. Est-ce pour autant une tragédie ? Certainement pas. Certes, reprendre une petite structure de quelques salariés est moins valorisant que de racheter une belle PME de 20 personnes. Certes, le repreneur sera davantage un homme-orchestre qu’un chef d’orchestre. Certes, il devra sans doute, du moins dans les premiers temps, se contenter d’une rétribution moindre. 
Mais ce repreneur qui aura eu le courage de revoir ses ambitions à la baisse pour parvenir à ses fins, outre qu’il prouve qu’il possède une véritable fibre entrepreneuriale, pourra profiter de certains points positifs. Plus la cible est petite, plus le choix est important. Donc, a priori, ce repreneur aura pu s’orienter vers une cible qui, en dépit de sa taille, lui correspond en termes de secteur et région. Les plus petites opérations se concluent, en règle générale, plus rapidement : notre repreneur gagnera du temps. Enfin, le montage financier a des chances d’être moins tendu. D’une part, il sera plus facile de dégager des fonds pour investir. D’autre part, le remboursement de la dette a toutes les chances de s’effectuer dans des conditions plus sereines.
Mais surtout, le repreneur d’une petite structure peut la faire croître par croissance externe en acquérant au fil des années des cibles complémentaires. Beaucoup ont réussi ainsi à constituer des PME de taille tout à fait respectable alors qu’ils ne possédaient, au départ de leur aventure entrepreneuriale, que peu de moyens. Une toute récente étude du groupe d’audit et de conseil Grant Thorton montre d’ailleurs que 93 % des dirigeants français ayant réalisé une opération de croissance externe en sont satisfaits et « qu’elles ont donné lieu à une création de valeur significative pour leur entreprise ». 78 % d’entre eux assurent qu’une telle opération leur a permis d’améliorer leurs résultats d’exploitation. À 88 %, ils assurent que la croissance externe leur a également permis d’accroître leurs parts de marché.
Ainsi, en période difficile, la stratégie gagnante peut être celle consistant à commencer petit et à se développer progressivement plutôt que de se lancer d’emblée dans une opération lourde financièrement et plus risquée.