« Il faut tordre le coup à la culture du bonzaï ». Telle est l’expression très usitée actuellement par le ministre des PME pour qualifier la priorité de son action en 2006 : créer une nouvelle dynamique pour le développement des PME. Selon Renaud Dutreil, il s’agit de permettre à nos « souris » – nos nombreuses TPE – de devenir des « gazelles » parmi lesquelles émergeront nos champions économiques de demain, nos « éléphants ». Le constat est sans appel, le pays manque d’entreprises intermédiaires. Les petites structures, après des débuts prometteurs, voient leur croissance ralentir et n’atteignent pas la taille critique.
De quelle manière faut-il s’y prendre pour faire émerger ces fameuses « gazelles » ? « Non par la loi, mais par la foi, répond le ministre. Il faut changer les comportements. »
Pour y parvenir, cinq « programmes croissance PME » ont été mis en œuvre pour lever les freins. Le premier « compétitivité et performance » a été lancé, lundi 6 mars. Il s’agit de donner à ces PME les moyens de protéger leurs innovations : attribution de 1 000 labels « génération innovation » ouvrant droit à une formation à la propriété industrielle, financement de 500 brevets gratuits pour les PME, assurance protection à la propriété industrielle. Ce dispositif s’attache aussi à favoriser l’économie numérique. Seules 15 % des PME tireraient pleinement profit des nouvelles technologies. Concrètement 200 000 passeports pour « l’économie numérique » seront délivrés et 500 bourses attribuées à des étudiants de haut niveau pour apporter leurs compétences aux PME.
Dans les prochaines semaines, Renaud Dutreil mettra sur les rails les autres volets de son programme : faciliter l’accès vers les marchés étrangers, le commerce en ligne et les grands comptes ; promouvoir la croissance externe et « fluidifier le marché de la transmission des moyennes entreprises par des actions concrètes » ; « faire émerger nos champions économiques de demain en constituant des réseaux d’investisseurs de proximité…
S’ajoute à cela un volet « Financement de la croissance » qu’avait annoncé Jacques Chirac lors de ses vœux aux « forces vives » le 5 janvier. Il s’agit de lever deux milliards d’euros sur les marchés financiers. Ce dispositif devrait être opérationnel avant l’été. Tandis que chaque programme disposera d’un calendrier s’étalant sur une durée limitée entre 2 et 5 ans.
L’objectif que s’est fixé Renaud Dutreil est ambitieux. Il espère porter le nombre d’entreprises de plus de 250 salariés de 5 000 à 10 000. « Si nous y parvenons, nous réglerons l’essentiel de nos problèmes : chômage, croissance, déficits publics, comptes sociaux… » Rien que cela ! Espérons que ces « gazelles » auront autant de souffle que le ministre !