Comme le montre très clairement la toute récente enquête du Groupe BPCE sur la reprise et la transmission de PME en France, le nombre de cessions de ces dernières est en net repli. Ces chiffres peuvent, certes, étonner de prime abord eu égard à leur ampleur. En effet, entre 2013 et 2016, les experts de BPCE montrent que le nombre de cessions de PME a reculé de 28 %, pas loin d’un tiers !
Les ventes de ce type d’entreprise sont ainsi passées d’un peu plus de 14 500 à près de 10 500. Et d’après les premières données disponibles pour les années 2017 et 2018, aucune remontée n’est prévue. Au mieux, l’on pourra assister à une stabilisation du nombre d’opérations.
Quelles sont les explications de ce phénomène ? L’étude BPCE en avance deux principales. D’une part, la loi Hamon a malheureusement porté ses fruits néfastes. L’obligation faite aux cédants d’avertir leurs salariés de leur intention de vente, et donc faisant fi du principe de confidentialité, a incité nombre de vendeurs potentiels à reporter voire annuler leur opération de cession. Fort heureusement, cette mauvaise loi a quasiment été vidée de sa substance par un certain Emmanuel Macron, alors ministre de l’Économie. Mais elle a bien eu des conséquences négatives avant sa révision.
D’autre part, la conjoncture économique n’a guère été riante entre 2012 et 2015 avec, en particulier, une croissance faible. Les observateurs le savent bien, cédants et repreneurs sont moins enclins à se lancer lorsque le climat et les perspectives économiques sont incertains.
Pour les années 2017 et 2018, le déclin devrait s’atténuer, voir être stoppé. Toutefois, les experts de BPCE ne s’attendent pas à une remontada des cessions de PME en dépit d’une amélioration de la plupart des indicateurs macroéconomiques et de la moindre nuisance de la loi Hamon.
L’on peut légitimement s’interroger sur cette atonie que semblent connaître les cessions d’entreprises ? L’environnement fiscal est plutôt favorable pour ce type d’opérations ; du fait de taux toujours historiquement bas, l’argent n’est pas cher ; les fonds d’investissement ont beaucoup de liquidités et sont enclin à s’engager y compris en small cap… Alors que manque-t-il ? Comme le souligne Nicolas Namias, directeur général finance et stratégie du Groupe BPCE, les pouvoirs publics ont, jusqu’à présent, très nettement mis l’accent sur la création d’entreprises. Ce qui est, certes, une bonne chose, mais un rééquilibrage des politiques publiques vers la reprise et la transmission pourrait sans doute remettre les cessions d’entreprise sur une voie ascendante.