« Malgré une idée fortement ancrée, ce n’est pas la faible rentabilité des PME qui explique la baisse générale de la profitabilité des entreprises françaises constatée à partir des comptes nationaux ». Telle est la conclusion livrée par Bertille Delaveau et Renaud du Tertre, deux experts du Centre d’analyse stratégique, dans leur article récemment publié "La rentabilité des entreprises en France selon leur taille et leurs potentialités de croissance". Ils ne contestent pas le fait que les grands groupes français cotés affichent des bénéfices en hausse depuis 2003, en raison notamment de leur expansion sur la scène internationale. Mais d’après leurs analyses basées sur diverses bases de données, les PME présentent elles aussi des performances de rendement plutôt satisfaisantes. Plus précisément, selon les auteurs, il convient de « moins considérer les PME comme un tout ». Au contraire, « pour saisir la nature des obstacles qu’elles rencontrent, il est nécessaire de s’intéresser aux différents stades de leur développement et aux différentes stratégies qu’elles essaient de déployer en matière de croissance, d’exportation ou d’innovation ».
Les prévisions de croissance des très petites unités (moins de 10 salariés) sont toutefois inférieures aux autres, tout comme leurs intentions d’embauche. A noter aussi que les PME exportatrices se montrent plus performantes que celles n’ayant pas de politique d’ouverture à l’international. Mais, soulignent les experts, « une rentabilité satisfaisante ne constitue pas un atout suffisant pour inciter les PME à s’engager dans une stratégie de croissance, c’est-à-dire d’investissement et d’emploi ». En effet, les dirigeants de ces entreprises chercheraient avant tout à maximiser leur trésorerie pour parer à une conjoncture difficile et à se désendetter pour alléger leurs charges financières.
Autre enseignement : on observe deux dynamiques distinctes selon que la PME est indépendante ou non. Pour leur part, les PME indépendantes, dont la proportion a considérablement chuté (79 % des PME en 1997, contre seulement 51 % en 2006), ont connu depuis 2003 un regain de rentabilité supérieur à celui des PME intégrées dans un groupe. La preuve : le rapport entre leur capacité d’autofinancement nette et leurs capitaux propres s’élève en 2006 à 14 % contre 12,5 % pour les PME de groupes. Mais pour y arriver, les dirigeants indépendants ont souvent dû reporter certains investissements. « Ils se heurtent en effet à des contraintes managériales, organisationnelles et financières (choix limité de financements, difficultés liées à l’apport de garanties et à la qualité de l’information financière) », expliquent les auteurs. En comparaison, les PME adossées à des groupes se lancent dans des investissements plus risqués.
On apprend enfin que la profitabilité des PME diminue avec l’âge. Ceci est d’autant plus vrai quand le dirigeant n’a pas opté dès le départ pour une stratégie de croissance soutenue. Des constats d’une grande utilité pour les pouvoirs publics jugent les auteurs. Mais aussi pour les repreneurs.