Quel type de cédant êtes -vous ?

10 juin 2021

Isabelle Marie

Quel type de cédant êtes -vous ?

En tant que patron, dans la vie de son entreprise, un moment  s’ appréhende plus que les autres. Celui de l’issue, de la transmission, le passage du flambeau qui sonne le glas, que ce soit car l’heure de la retraite se précise, ou pour entreprendre un autre projet. Les raisons sont nombreuses et propres à chacun. Mais si ce moment est inévitable, il est souvent douloureux pour celui qui aura voué sa vie à son entreprise.

 

Quelque soit la transmission 

Que la séparation soit anticipée, préparée, voulue, ou forcée, Il sera important d’identifier, en tant que patron, quel type de cédant on sera.  Cela permettra de connaitre ses points de force et ses faiblesses, pour se prémunir de certains risques auxquels on pourrait se heurter.

N’oublions pas qu’il s’agit de se donner les meilleures chances de succès à la transmission de notre entreprise. Tout en répondant à la bonne opportunité.

Vous n’aurez pas 2 fois la chance de faire une première bonne impression.

Les cédants hyper affectifs …

Pour eux leur Entreprise c’est toute leur vie. Ils sont prêts car le moment s’impose à eux mais dans la douleur.

La dimension affective est très présente dans leur management et dans la façon qu’ils ont eu de gérer leur entreprise, en agissant sans compter en « bon père de famille ». Pour les profils repreneurs ils vont chercher un successeur de confiance, une relation filiale, quelqu’un dans qui ils se retrouveront en termes de parcours, de profil, et de valeurs.

Si vous vous reconnaissez dans cette approche soyez prudent car trop de sentiments, trop d’émotion, peuvent influencer négativement vos décisions. Au cœur des discussions vous aurez tendance à réagir à chaud voire de façon impulsive, sans prise de recul, et le risque de couper court à une intention concrète est réel et dommageable.

Par ailleurs vous pourriez perdre en crédibilité face à vos repreneurs potentiels. Rester le plus rationnel possible dans vos prises de décisions, prenez le temps du recul avec votre conseil ; C’est important surtout au plus près de la fin du processus de transaction. 

Quand on sait qu’il faut en moyenne 12 mois pour concrétiser un projet de cession accompagné d’un conseil ! Ce serait dommage de ruiner tout le travail et l’investissement qui aura été fait dans le cadre de la valorisation de votre Entreprise et de son accompagnement à la reprise. Par ailleurs si rester dans l’Entreprise à posteriori de la signature est trop douloureux, réduisez le temps de l’accompagnement au strict minimum, personne ne vous en voudra ! La page peut être très lourde à tourner !

Les cédants « switchers »

C’est la quille !

Ils sont déjà partis dans leur tête avant même que le repreneur ait signé sa lettre d’intention.

Leur voilier est amarré, les billets pour un tour du monde réservés, quelque que soit leur projet tout est finalisé. Ils sont prêts pour la suite. D’ailleurs cela fait un moment que tout a été anticipé. La transaction se passe et le cédant switcher pourra vite sembler distant, peu concerné, voire absent, des discussions.

Il est important de rester impliqué dans les échanges. Votre absence d’implication peut entrainer une dévalorisation de votre entreprise et des conséquences. Vous pouvez néanmoins dès le démarrage de vos négociations designer un « homme clé » dans votre entreprise pour bien gérer le relais et ne pas ternir le contexte de la reprise. La personne ainsi désignée pourra garantir un climat de confiance, rassurer les repreneurs et assurer un meilleur passage de relais.

Les cédants réfractaires

Certains cédants vendent sous la contrainte !  L’heure a sonné mais c’est toujours trop tôt … Ils ne se sont pas vu vieillir et/ou leur époux -se leur a posé un ultimatum. Ce n’est pas leur choix.

Pour eux la seule motivation sera d’obtenir le montant le plus élevé possible. Même si ce montant n’est absolument pas réaliste. L’ego du patron est grand !

Dans cette configuration, il est probable en tant que cédant que vous fassiez tout pour faire perdre du temps dans la finalisation de la cession, pour vous imposer, pour tout discuter …Attention, vous userez des repreneurs avec ces comportements et des opportunités intéressantes vous passeront sous le nez. Mettez votre égo de côté. Posez-vous des limites. Discutez avec votre conseil de la stratégie. Faire perdre du temps dans une transaction? c’est souvent perdre de l’argent.

Si vous vous reconnaissez, soyez beau joueur ! Il faut vous convaincre qu’il est temps de partir, quelle que soit la raison. Et que c’est mieux si vous laissez une bonne image de vous auprès de vos collaborateurs, de vos clients etc…

C’est sans rancune.  

Les cédants et descendants

Votre entreprise est une entreprise familiale. Vous avez trouvé un repreneur idéal. Il accepte les conditions fixées en accord avec votre conseil et votre fille reste dans l’entreprise a un poste clé avec une garantie de salaire. Vous vous êtes toujours parfaitement accordés. Et forcément pour vous il n’y a aucune raison que cela change. La place de votre proche est dans l’entreprise et sans nul doute cela servira une certaine continuité et votre égo Pas toujours simple pour le repreneur comme situation. Il est important de cadrer le champ d’action, les perspectives d’évolution voire le cadre d’une éventuelle rupture avec votre proche en cas de désaccord. Le repreneur peut se sentir piégé dans certaines configurations . Un contrat salarial avec des clauses d’intéressement indécentes etc… En tant que cédant, il faut être transparent avec le repreneur pour que vos proches acceptent les termes de la reprise et la stratégie. Pas de cadavres dans le placard ni de polichinelle dans le tiroir, et les moutons seront bien gardés.

Les cédants « squatteurs »

Ils ont tout fait pour garder un pied dans l’Entreprise. Ils ont négocié de garder une partie des parts, un pourcentage sur les ventes, un poste honorifique, tout en garantissant en contrepartie le maintien des commandes, l’accès au réseau clients, une continuité dans les affaires et dans le management etc… Plutôt rassurant pour les repreneurs, cela favorise un climat de confiance dans l’Entreprise et pour ses perspectives. Mais Il y a des limites à ne pas franchir. Que se passe-t-il dans la tête du cédant. Tout s’emballe ! Voulant se mêler de tout, savonnant la planche du nouveau dirigeant, regrettant parfois la décision d’avoir céder publiquement, dénigrant les décisions du repreneur …

On frôle la déstabilisation de la direction, le putsch interne. Si vous sentez que vous pourriez avoir ce type de comportement, corrigez-vous !

Vous ne pouvez pas vouer une partie de votre vie à construire quelque chose pour essayer de le détruire par ailleurs.

Vous avez choisi de céder ! C’est une décision mature et responsable qui vous engage et c’est important d’accompagner un repreneur dans cette passation mais évitez les coups bas, quelle satisfaction allez-vous en tirer ! Cadrez votre accompagnement le plus possible et donnez les rênes et les clés à votre successeur il en va de votre crédit.

Céder n’est pas un long fleuve tranquille

Créer puis céder et transmettre son Entreprise n’est pas un long fleuve tranquille.

Il faut raison garder, se convaincre et dompter son égo. Créer une Entreprise c’est parfois l’aventure d’une vie, la cession est aussi souvent son dernier chapitre professionnel. C’est bien de le réussir !