L’INSEE a réalisé un bilan des transmissions opérées entre 2002 et 2005 en Picardie et révèle que les chances de survie à trois ans d’une reprise sont de l’ordre de 30% supérieures à celles d’une création pure. Le rapport, récemment publié, précise que le repreneur finance en moyenne 37 % de son acquisition sur ses ressources personnelles, familiales ou avec l’aide d’associés. Les reprises sont moins fréquemment aidées que les créations nouvelles, à l’exception des opérations de rachat par un salarié. Sur le plan financier, elles nécessitent un capital plus important, mais l’importance des moyens de départ mis en œuvre constitue un atout pour surmonter les vicissitudes de l’activité. Les repreneurs ne sont pas pour autant à l’abri des difficultés de trésorerie. Ainsi, la dépendance à un donneur d’ordre augmente d’un tiers les risques de déposer le bilan avant le cap des trois ans.
Actuellement 40 % des entreprises de Picardie sont dirigées par un quinquagénaire, soit 17 000 entités au total. Pour 10 000 d’entre elles, l’âge du capitaine dépasse les 55 ans. L’étude rapporte qu’entre 1997 et 2004, environ mille entreprises ont changé de main chaque année dans la région. Et que le départ en retraite du dirigeant était à l’origine de 60 % de ces transmissions. Le nombre de cessions devrait donc s’accentuer dans les prochaines années avec le vieillissement des chefs d’entreprise. La transmission est un véritable enjeu en terme d’emplois, car près de la moitié des salariés des entreprises individuelles et des sociétés est managée par un senior, ce qui représente 58 000 postes.
L’industrie et le transport sont les secteurs dans lesquels les proportions de dirigeants de plus de 50 ans sont les plus élevées, supérieures à 45%. Viennent ensuite le commerce et les services aux entreprises, avec une proportion de 40%. En revanche, la construction et les services aux particuliers sont moins concernés par ce phénomène. Les trois quarts des cibles sont localisées dans l’espace urbain et un quart dans les zones rurales. Mais l’âge des cédants potentiels n’est pas plus élevé à la campagne.
Enfin, le rapport dresse le portrait du repreneur type en Picardie : un homme de 38 ans, n’ayant pas forcément suivi d’études secondaires, mais s’étant forgé une solide expérience professionnelle en tant que salarié d’une petite entreprise. Il reprend généralement dans le même secteur d’activité. L’INSEE établit que le profil du candidat a une influence sur la pérennité de l’entreprise. Le jeune âge (moins de 30 ans) et le fait d’être au chômage avant la reprise aggravent les risques d’échec. En revanche, un solide bagage professionnel ou technique favorise la survie de l’entreprise. Un repreneur ayant au moins dix ans de métier dans le même secteur d’activité ou ayant déjà créé une entreprise augmente de 35 % ses chances de passer la période des trois années d’exercice.