Quand le capital transmission dope la croissance des PME

17 mai 2016

Isabelle Marie

""Les études et enquête sur les fusions-acquisition, le capital investissement ou encore la transmission d’entreprise sont assez nombreuses, récurrente mais pas toujours avec un angle d’attaque ou un traitement particulièrement novateur. Il en est une que doit retenir toute notre attention car basée sur une thématique rarement abordée. Voici son intitulé : « Que deviennent les PME et ETI françaises accompagnées par les acteurs du capital-transmission / LBO français ? D’où vient la performance de ces investissements ? Mythes et réalités ».

 

L’Afic (Association française des Investisseurs pour la croissance) et EY viennent de publier la première étude portant sur les facteurs déterminants de la création de valeurs dans les entreprises accompagnées par des fonds de capital-transmission en France.

Précisons que l’étude porte 81 entreprises qui ont été détenues en moyenne 5 ans et 8 mois par des fonds de capital-transmission. Au moment de la cession, leur chiffre d’affaires était compris entre 20 et 500 millions d’euros.

Croissance des effectifs

En premier lieu, il apparaît que le LBO stimule la croissance économique. « En effet, la création de valeurs trouve essentiellement sa source dans le développement économique des entreprises. « En moyenne, la progression en valeur du capital des entreprises entre la date d’entrée et de sortie du fond provient à 74 % de la progression des résultats (EBE) », précisent les auteurs de l’étude. Donc, c’est bien le développement économique et non le remboursement de la dette financière qui explique majoritairement la création de valeurs.  Et la croissance de cet EBE dégagé par les entreprises est générée à 63 % par la croissance organique et à 29 % par la croissance externe.

Selon les calculs de l’Afic et d’EY, 40 % de la croissance organique provient de la hausse des ventes sur le périmètre historique de l’entreprise, 38 % de l’acquisition de nouveaux marchés à l’export et 22 % d’une extension de l’offre de produits ou de services. « Le capital-transmission renforce donc le modèle économique des entreprises sur les marchés existants et le développe à l’international », souligne l’étude.

L’enquête démontre, par ailleurs, qu’un LBO a une nette incidence sur la croissance des effectifs des entreprises concernées. Ainsi, les effectifs cumulés des entreprises étudiées ont augmenté de 39 % durant la période détention par un fonds de capital-transmission soit une croissance moyenne annuelle de 6 %. Il apparaît que 4 nouveaux emplois sur 10 ont été créés sur le périmètre historique et 6 par le biais d’opérations de croissance externe.

Réinvestissement des profits

Selon l’Afic et EY, le fait de devoir rembourser la dette senior n’affecte pas la politique d’investissement des entreprises. En effet, 59 % d’entre elles ont augmenté leur niveau d’investissement et 37 % l’ont maintenu. Il en va de même pour les dépenses en recherche et développement.

A l’inverse, le désendettement financier a peu pesé dans la création de valeurs. « En effet, les fonds de capital-transmission privilégient le réinvestissement des profits dans les projets de croissance, plutôt que dans des distributions de dividendes ou le remboursement de la dette. De facto, le financement de la croissance des entreprises améliore leur capacité à assumer leurs obligations financières et allège le poids relatif de la dette », expliquent les experts d’EY et de l’Afic.

Grâce à leur politique axée sur la croissance, le poids moyen de la dette financière des entreprises étudiées a été réduit pratiquement de moitié : la dette financière rapportée à l’EBE est passée de 4,4 x l’EBE en début de période de détention à 2,5 x l’EBE en fin de période.

« Cette étude sur les PME et les ETI françaises est cohérente avec les constats réalisés par EY depuis maintenant 10 ans. L’analyse des cessions démontre, année après année, que la croissance opérationnelle reste le principal levier de création de valeurs par les fonds, alors que le désendettement financier y  contribue de manière assez modeste », souligne Laurent Majubert, associé-conseil en transaction chez EY.