Dans le petit monde de la reprise et de la transmission de PME, la grande question du moment est de savoir si le niveau de valorisation va baisser, et le cas échéant dans quelle proportion, sur le second semestre de l’année et en 2010. Plusieurs éléments incitent à penser que la crise a déjà impacté le prix de cession des PME.
L’indice Argos mid market, qui repose sur l’analyse de centaines de cessions de PME intervenues au cours du second semestre 2008, accuse une baisse de 5,2 points par rapport aux six mois précédents. Selon cet indice, les valorisations correspondent à 7,6 fois l’Ebitda. Le caractère toutefois limité de la baisse peut s’expliquer, selon Argos, par l’inertie des vendeurs différant ou interrompant le processus de cession de leur entreprise par crainte d’une moindre valorisation.
Ce mouvement baissier a été plus sensible sur le premier trimestre de cette année, au vu des chiffres de l’association des analystes conseils en investissements financiers (AACIF). Le prix d’acquisition des PME, réalisant de 1 à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, a chuté de plus de 20 % sur un an. L’une des explications avancées par l’AACIF est le fort recul des méthodes de valorisation basées sur des effets de levier excessifs et le retour vers des méthodes plus adaptées (DCF et multicritères). Ces dernières prennent plus largement en compte les capacités de développement des entreprises.
Cette tendance à la baisse des prix de cession, qui semble donc déjà bien engagée, devrait perdurer, voire s’accentuer, de par la prise en compte des résultats 2009 des entreprises. Ils seront, bien entendu, moins bons que ceux de l’année précédente. Le niveau de valorisation, quelles que soient la ou les méthodes utilisées, va mécaniquement s’en ressentir.
Toutefois, il serait illusoire pour le repreneur de penser que le cédant va l’attendre comme le messie et qu’il sera prêt à toutes les concessions sur le prix. Car l’acquéreur achète évidemment aussi le futur. Une majorité de PME, même si leur trésorerie a souffert lors des derniers mois, demeurent fondamentalement saines.
Ainsi, nombre de cédants considèrent que le marché ne reflète pas la véritable valeur de leur entreprise et demeureront à ce titre fermes lors des négociations. D’autant que dans bien des cas, le vendeur peut remettre à plus tard la cession en tablant sur l’impact d’une reprise économique espérée sur la valorisation de sa société.
Le repreneur peut donc espérer des conditions financières plus favorables qu’il y a un ou deux ans, mais ne doit tout de même pas se montrer trop gourmand.