Pourquoi ne pas se féliciter de la baisse du capital transmission ?

16 novembre 2009

Isabelle Marie

Sans surprise, les investissements en capital transmission ont subi une importante chute en 2008 par rapport à l’année précédente. Ils sont, en effet, passés de 278 millions d’euros en 2007 à 153 millions d’euros l’an passé, soit une baisse de 45 %. Nous évoquons ici les fonds affiliés à CDC Entreprises, qui sont plus que significatifs de l’ensemble des fonds agissants dans notre pays. Depuis le début de cette année, cette chute est enrayée. Toutefois, sur le premier semestre 2009, les investissements toutes catégories confondus sont en recul de plus de 30 %. A cet égard, il est à noter que les spécialistes du capital transmission ont, semble-t-il, particulièrement bien anticipé la crise.
Paradoxalement, peut-on se féliciter de cette situation ? C’est en tout cas l’avis, pour le moins éclairé, de Dominique Sénéquier, la patronne d’AXA Private Equity qui explique dans les colonnes du quotidien Les Echos que « nous sommes certainement revenus à plus de bons sens et je m’en réjouis. J’étais du côté de ceux qui critiquaient le recours à un effet de levier disproportionné ». Elle assure que, bien entendu, la dette n’est pas mauvaise en soi, mais que tout est une question de mesure.
Un des effets bénéfiques de cette crise sera très certainement un retour à un niveau de dette senior plus raisonnable. Car, dans le cas de la reprise d’entreprise, un porteur de projet qui bénéficie d’un effet de levier de 8 ou 9 devra par la suite financer sa dette, et, bien souvent, ponctionner dans des proportions peu raisonnables le cash flow généré par l’entreprise qu’il vient de reprendre. Dans bien des cas, ceci se fait au détriment d’investissements qui se seraient révélés fort utiles pour une croissance raisonnée de l’entreprise. Il est aussi, malheureusement, des exemples où une dette d’acquisition trop importante a pu contribuer au dépôt de bilan de l’entreprise. Il ne faut pas oublier qu’à l’échéance de 5 ans, environ 3 reprises sur dix se soldent par un échec. Ce qui est loin d’être négligeable.
Les banquiers sont aussi revenus à des positions plus prudentes en demandant aujourd’hui un apport en capital bien plus conséquent que par le passé. Au final, le repreneur est amené à regarder des projets d’acquisition certes plus modestes, mais qu’il pourra financer de façon plus saine. Pour le plus grand bien de la cible.