Pour Bpifrance, une bonne transmission passe par un bon accompagnement

22 avril 2016

Isabelle Marie

""Une récente étude de Bpifrance portant sur la transmission des ETI patrimoniales livre différentes données chiffrées et recense les bonnes pratiques en la matière. Certaines d’entre elles peuvent trouver à s’appliquer dans les transmissions de PME.

 

Selon cette étude, il apparaît que 58 % des dirigeants d’ETI patrimoniales envisagent de transmettre leur entreprise à court ou moyen terme. Selon Bpifrance, 34 % des dirigeants ont plus de 60 ans et 18 % plus de 65 ans. Toutefois, il apparaît au travers de cette enquête que l’âge ne sera pas le principal critère de la décision de transmission, mais cette décision est davantage liée à la stratégie de croissance de l’entreprise et pour sa pérennité.

Mais une grande majorité d’entre eux sous-estiment le temps de préparation nécessaire à une bonne transmission et se focalisent sur le transfert de capital. « Pour un dirigeant d’ETI patrimoniale, se préoccuper de la transmission de son entreprise l’année précédant son départ à la retraite, c’est maximiser le risque d’échec. La transmission d’une ETI patrimoniale prend en moyenne dix ans », estiment les auteurs de l’étude. Ils expliquent que n’envisager la transmission de son entreprise qu’en fonction d’un départ à la retraite prévisible est déjà en soi une erreur : cela ne revient à traiter qu’une partie des enjeux liés à la transmission.

L’étude révèle que l’une des difficultés majeures pour les dirigeants d’ETI patrimoniales est de bien distinguer la « transmission successorale » (le patrimoine) et la « transmission managériale » (la direction opérationnelle de l’entreprise), et de les mener de front. Trop souvent, les dirigeants ne traitent que l’un des deux.

Savoir identifier le bon successeur

Autre message important de l’étude : ne voir dans la transmission d’une ETI patrimoniale que la cession du capital, ou un Pacte Dutreil, revient à laisser de côté de nombreux problèmes qui peuvent mettre en péril l’ETI. Si la transmission ne revient qu’uniquement à la cession du capital, il existe des risques de conflit de gouvernance, de désarroi managérial, de perte de parts de marché ou encore de pertes de compétences clés. A l’inverse un processus de transmission bien conduit induit la transmission du management, la transmission du savoir-faire ainsi que la transmission de la gouvernance.

Dès lors, Bpifrance a identifié 4 clés de réussite que sont : se faire accompagner pour mettre en oeuvre sa stratégie ; identifier le bon successeur ; savoir faire évoluer la gouvernance contre la personnalisation du pouvoir et transmettre un projet et des valeurs. Autre gage de réussite selon Bpifrance : toujours associer les salariés à la transmission.

Un processus plus long que prévu

Différentes actions sont à mener. Citons en quelques une : Il s’agit de faire de son bras droit ou de l’un de ses managers le fer de lance de la stratégie de transmission capable d’accompagner le dirigeant sur la durée du projet ; mettre en place un plan de succession ; instaurer une gouvernance duale séparant les fonctions opérationnelles des fonctions de contrôle ; réfléchir à la place qu’aura le successeur et à son rôle à son arrivée au sein de l’ETI ; se doter d’outils d’échanges entre les actionnaires et les managers de l’entreprise afin d’assurer la cohésion de l’équipe.

Selon Gérard Biolley, créateur de l’Association Progrès du Management, « la clé d’une transmission réussie ne se situe pas tant au niveau de la personnalité du transmetteur, ni au niveau de celle du successeur, mais dans la relation qui les unit et qui associe le plus largement possible actionnaires, managers et collaborateurs dans le désir commun de réussir ensemble un projet partagé sur le long terme ». Il estime que le temps requis pour préparer et mettre en œuvre  une transmission excède ainsi le délai généralement estimé pour le règlement des seuls dossiers techniques.