Sans grande surprise, les défaillances d’entreprises ont à nouveau progressé sur le mois d’octobre, avec 5 334 cas. La hausse est de 4,8 % par rapport au mois précédent et ce, en données corrigées des variations saisonnières et des jours ouvrables. Selon les statistiques de la Banque de France (BdF), les défaillances sont en hausse de 1,6 % par rapport à octobre 2011. A fin octobre et en cumul sur 12 mois, le nombre d’entreprises touchées est de 60 448.
« Par taille d’entreprise, les PME défaillantes ont un poids supérieur à celui des autres entreprises, dans leurs catégories respectives », précise la Banque de France dans un communiquée. Du fait de la démographie d’entreprise, ceci est vrai en terme quantitatif. Mais en pourcentage, et en cumul sur douze mois, les défaillances de PME sont en hausse de 1,1 % à fin octobre alors que les ETI et les grandes entreprises ont connu une progression de 48 % : 77 d’entres elles ont été concernées par une procédure judiciaire.
Selon la Banque de France, la plupart des secteurs sont touchés. Les trois secteurs qui ont connu la plus forte progression des défaillances sont les transports (+ 15,1 %), les activités immobilières ( + 11,8 %) et l’hébergement-restauration ( + 5,9 %). A l’inverse, sur un an, la construction a connu un recul du nombre des défaillances de 0,8 %.
« Le taux de défaillances des entreprises françaises est près de deux fois plus élevé que celui des entreprises allemandes »
Guillaume Cairou, Président du Club des Entrepreneurs, membre de CroissancePlus et PDG du Groupe Didaxis a réagit sur ce thème : « Les défaillances d'entreprises ont progressé de 4,8%, avec 5.334 cas au mois d'octobre dernier. Qu'est-ce que cela cache vraiment ?La vérité est sans appel et révélée par une comparaison internationale simple mais beaucoup cherchent à se la cacher : le taux de défaillances des entreprises françaises est près de deux fois plus élevé que celui des entreprises allemandes.
Va-t-on longtemps continuer à se résigner à constater une tendance inquiétante observée depuis l'automne dernier sur le front des défaillances d'entreprises en France ou va-t-on enfin s'interroger sur les raisons qui l'expliquent et s'atteler à les résorber ?
Depuis près de 10 ans, les courbes de défaillances d'entreprises en France et en Allemagne suivent des trajectoires diamétralement opposées (30 099 défaillances d'entreprises contre 50 485 pour la France). La question est simple : pourquoi ce constat accablant ?
L'Allemagne a notamment un tissu entrepreneurial solide composé d'entreprises en moyenne plus grosses qu'en France et donc moins exposées au risque de défaut. 98% des entreprises françaises ont moins de 20 salariés. De plus, les entreprises allemandes sont montées en gamme et ont une rentabilité importante. Or, en France, nous continuons à casser toute rentabilité par une fiscalité inadaptée notamment dans le cadre d'une compétition mondiale.
Aussi, nous continuons à faire fuir les investisseurs et à casser la position des entreprises françaises dans la compétition internationale alors que l'évolution des défaillances est très corrélée à celle des exportations et de l'investissement.
Il est donc impératif d'instaurer une fiscalité plus responsable afin de privilégier davantage les plus-values issues du travail pour favoriser l'éclosion de start-up pour lutter contre la désindustrialisation qui ravage nos territoires depuis déjà trop d'années, favoriser la montée en gamme de nos petites entreprises notamment en réorientant les économies réalisées sur les dépenses inefficientes de la sphère publique vers la mise en place de soutien à la trésorerie des PME et à l'élargissement du périmètre du crédit impôt recherche faute de mettre en place une véritable agence à la prévention des défaillances d'entreprises françaises pour qu'enfin l'Etat soit un Etat stratège ».