En période de crise, les retards de paiement des entreprises prennent une acuité particulière. Ces derniers tendent en effet à fragiliser encore un peu plus des trésoreries déjà dégradées. En France, en 2012, les retards de paiements seraient responsables de près d’un quart des défaillances d’entreprises.
Si, entre 2008 et 2010, la situation s’est quelque peu améliorée dans ce domaine, ce n’est plus le cas depuis. En effet, selon Altares, les retards de paiement des entreprises françaises augmentent encore sur le quatrième trimestre. En moyenne, ils se sont établis à 12,1 jours sur cette période, contre 11,8 jours sur le trimestre précédent et 11,5 jours sur celui d’avant.
Sur les trois derniers mois de l’an passé, en France, seulement 31,5 % des entreprises ont respecté leurs délais de paiement. Ce ratio est le plus bas depuis le printemps 2011. A titre de comparaison, ce taux est de 42,4 % pour l’ensemble des entreprises européennes. Altares précise que 36,6 % des entreprises françaises décalent leurs paiement jusqu’à 15 jours après la date prévue sur la facture. Il s’agit là d’un record en Europe, la moyenne se situant à 27,5 %.
Il apparaît que la taille de l’entreprise a une incidence très nette sur les délais de paiement. Ainsi, les TPE sont les plus vertueuses : 37 % d’entre elles payent leur fournisseur dans les temps. Les PME (de 10 à 249 salariés) ne sont que 23,8 % à respecter les échéances. 43 % de ces dernières ont des retards de paiements compris entre 1 et 15 jours. Enfin, ce sont les ETI et les grandes entreprises qui s’avèrent les moins vertueuses puisqu’elles ne sont que 9,5 % à payer leur fournisseur sans retard. Plus de 55 % de ces dernières les règlent avec un retard compris entre 1 et 15 jours.
Connaître ce risque permet de gérer efficacement son poste client
Le secteur du bâtiment est le plus vertueux avec 40,7 % des entreprises de ce secteur qui respectent les délais de paiement. Un an auparavant, elles étaient 43,5 %. La dégradation est également visible dans les services aux particuliers. Sur les trois derniers mois de 2012, 37 % des entreprises de ce secteur n’ont pas dépassé les délais de paiement, soit 5 % de moins qu’en début d’année. Dans l’industrie, les services aux entreprises et dans les métiers de l’information et de la communication, le ratio des entreprises payant dans les délais est similaire, à savoir un pu plus d’un quart. Le plus mauvais élève est le secteur des transports puisque seulement 18 % des entreprises règlent leurs fournisseurs sans retard.
« Les trésoreries sont contraintes voire étranglées. Pourtant, les entreprises hésitent encore à durcir leur action en cas de retard de paiement, craignant de perdre le client. Or, accepter un report des règlements clients conduit généralement l’entreprise à devoir transférer le défaut de paiement clients vers les fournisseurs. Cela risque alors de ternir l’image de l’entreprise puis de rompre la relation fournisseur, et enfin de précipiter l’entreprise vers le dépôt de bilan. Les décalages de paiement d’un client sont souvent le seul signal avancé des difficultés de ce dernier. Si les impayés précèdent généralement la défaillance d’une entreprise de quelques jours seulement, les retards de paiement, en revanche, sont constatés plusieurs mois avant. Connaître ce risque bien en amont permet non seulement de gérer efficacement son poste client, mais aussi d’établir très tôt ses prévisions de trésorerie », assure Thierry Millon, responsable des analyses Altares.