Comment analysez-vous, aujourd’hui, le marché de la reprise par LBO ?
Nous voyons le nombre de repreneurs progresser alors que celui des cibles demeure assez stable. Parallèlement, il y a, depuis plusieurs années, de plus en plus de liquidités sur le marché. En conséquence, le prix des entreprises s’envole. Depuis quelques années, beaucoup de sociétés sont bien trop valorisées et donc nous assistons à des montages financiers plus tendus. Jusqu’à présent, il y a toujours des investisseurs, qui se retrouvent en position de concurrence, prêts à prendre des risques. Est-ce que ce phénomène va perdurer ? Tous les acteurs du monde du LBO se posent la question. Il est vrai que l’on parle d’une bulle du LBO. Mais cette bulle, pour l’instant, n’englobe pas le marché des PME.
Toutes les sociétés ne peuvent pas supporter une opération de LBO, ce qui sera d’autant plus vrai dans le futur si l’on tend vers un raffermissement du coût du crédit.
Quelles sont les conditions de réussite d’une reprise en LBO ?
Le plus important dans un LBO, ce sont les hommes, le management. Le gros risque, par exemple, est qu’un homme clé, comme un directeur commercial parte le lendemain du LBO. Le LBO génère tout de même une situation assez tendue, donc il ne vaut mieux pas chambouler l’organisation de la société. Concernant les PME, la situation la plus courante est l’arrivée d’un repreneur extérieur qui conserve tout le management de la cible.
Autre élément clé dans le LBO : la gestion du cash. C’est comme dans une gare de triage où arriveraient des wagons de cash, il faut rapidement les aiguiller sur d’autres voies. Le cash ne reste jamais dans la société, il faut qu’il parte vite. Le LBO implique une gestion du cash très prenante et difficile. La société se retrouve avec une dette à financer, donc les dirigeants sont contraints de gagner en rentabilité. Cela se traduit par la réduction du BFR (besoin en fonds de roulement), par des renégociations de contrats….
Selon certains théoriciens financiers, il s’agirait même du meilleur mode de management car il oblige les dirigeants à donner le meilleur d’eux même du fait de la contrainte que représente cette dette. La critique que l’on peut formuler, c’est qu’une opération de LBO peut empêcher une vision stratégique à long terme pour la société puisque l’une des priorités est de générer du cash au jour le jour.
Dans ce type d’opération, sur quels points le repreneur doit-il se montrer particulièrement vigilant ?
Dans une opération de LBO, il est très important pour le repreneur de tout prévoir, et ce dès le stade du business plan, en particulier les projets d’investissement et de développement. Il faut que ces projets soient validés et actés par les investisseurs. Car après il n’y aura plus un centime d’investi qui servira à autre chose qu’à la gestion du cash.