Les Ecoles des Managers sont des formations initiées par les CCI . Quel est votre public ?
Hervé Demazure. 80 % de nos élèves sont des repreneurs internes, soit un descendant du dirigeant, soit un salarié de l’entreprise à reprendre. Les 20 % restant sont des repreneurs externes ou des développeurs qui sont déjà en place. Il y a encore 8 ans, il n’y avait que 6 Ecoles des Managers alors que l’on en compte une trentaine aujourd’hui. La problématique de la pérennité des PME est devenue une question centrale pour les chambres de commerce, ce qui explique l’intérêt pour ce type de formation. Assurer la pérennité de ces entreprises en qualifiant davantage le futur dirigeant est vraiment au cœur de la mission des CCI.
Quel est la nature de l’enseignement dispensé au sein des Ecoles des Managers ?
HD. L’enseignement est très pratique. Nous souhaitons inculquer aux futurs patrons de PME le maximum de bons réflexes opérationnels en un minimum de temps. Une partie de la formation se fait sur le cas précis de leur propre entreprise en développant des business plan par exemple. Cela est possible car les personnes que nous formons ont accès aux documents administratifs et financiers de l’entreprise. Depuis deux ans, notre formation est diplomante. Nous délivrons un diplôme équivalent au niveau licence et qui a été baptisé « chef d’entreprise – développeur de PME ».
Qu’en est-il en France de la transmission en interne ?
Nathalie Carré. Nous avons en France un taux assez faible de transmissions internes. Ce qui est surprenant, c’est qu’il n’y a pas un manque d’envie de la part des dirigeants de transmettre par cette voie. Nous venons d’interroger plus de 4 000 chefs d’entreprise. 30 % d’entre eux envisage de transmettre à un salarié ou à un héritier. Mais la concrétisation est beaucoup plus faible que ce taux reflétant l’intention. Il ressort de nos études que les cédants ne pensent tout simplement pas, concrètement, à cette possibilité. Nous ne constatons pas de progression des transmissions internes depuis plusieurs années. Il est aussi vrai que juridiquement l’opération reste assez complexe. A l’inverse, fiscalement, tout a été fait pour faciliter la transmission interne.
Comment s’opère le recrutement des Ecoles des Managers ?
HD. Recruter des promotions des écoles des Managers est un travail assez long et complexe. Pour qu’un repreneur vienne dans notre école, il faut au préalable avoir repérer le cédant. La « prospection » peut durer plusieurs années. Du fait de notre modèle pédagogique, nous devons recruter au sein même de l’entreprise avec l’aval du cédant.
NC. Quant nous faisons des opérations de phoning auprès des chefs d’entreprise et que l’un d’entre eux manifeste son intérêt pour une transmission en interne, nous le mettons en relation avec l’équipe des Ecoles des Managers.
Plus généralement, sentez-vous une reprise sur le plan des transmissions en France ?
NC. Il semblerait que pendant l’année 2010, les entreprises ont pu reconstituer leur bilan et que dès lors, ceux qui avaient abandonné leur idée de transmettre depuis deux à trois ans y pensent à nouveau. Ils ont, en effet, un bilan 2010 souvent correct à présenter à un repreneur potentiel. Ils savent toutefois qu’ils ne vendront pas aussi bien qu’en 2008.
En 2011, les CCI vont-elles dispenser de nouvelles formations ?
NC. Nous avons beaucoup de repreneurs qui sont des anciens salariés haut niveau de grands groupes et qui se lancent sur tout type de reprise, y compris pour racheter des cibles très petites. Ils ont souvent un schéma mental qui n’est pas adapté à la toute petite entreprise. Nous avons travaillé à une formation visant à les préparer au mieux sur un plan psychologique. Souvent ils ne se posent même pas la question de pourquoi ils reprennent, quels sont leurs ambitions et objectifs. On va les préparer sur cet aspect psychologique. Cela leur permettra également de mieux profiter des formations techniques qu’ils suivent ensuite Il faut que nous les aidions à clarifier leur projet et que, par exemple, ils ne perdent pas de temps à chercher une entreprise qui n’existe pas. Nous allons déployer cette formation d’une journée ou deux dans les CCI très prochainement.