> Selon le témoignage de certains repreneurs, la prise en main de l’entreprise demande plusieurs mois, voire quelques années. Comment expliquez-vous ce délai si long ?
Tout d’abord, c’est une période qui est généralement mal préparée, car les candidats à la reprise ne s’en préoccupent pas ou peu.
Ils se concentrent en toute priorité sur l’optimisation de l’achat.
En outre, ils se disent que leur entrée opérationnelle dans l’entreprise ira de soi, se reposant ainsi sur leur expérience managériale, souvent solide d’ailleurs. “Pas de problème, je sais faire”, entend-on très souvent lorsqu’on interroge les futurs repreneurs. C’est une erreur de penser cela.
> Les échecs sont-ils nombreux pendant cette période des prmiers mois ?
Les déconvenues ne sont pas rares ! N’oublions pas qu’une reprise sur trois se traduit par un échec. Ce chiffre est très élevé. Il y a certes des raisons techniques ou extérieures à l’entreprise. Mais l’essentiel des difficultés rencontrées sont dues à une sous-estimation du problème, à une difficulté à s’adapter à un nouveau contexte ou à une rupture trop forte avec le passé.
> Très souvent, les repreneurs parlent d’un état euphorique pendant le premier mois. Est-ce exact ?
Tout à fait, car se manifeste, pendant cette période, un sentiment de puissance, de sur-confiance en soi : “C’est ma boîte ! Je suis patron ! J’ai réussi !” C’est le message que le repreneur a tendance à se répéter en boucle de manière inconsciente. Si cet état psychologique peut se comprendre, le nouveau dirigeant doit en tous cas s’en méfier, voire douter de lui-même. Pendant cette phase d’euphorie et de pression, le risque est de prendre des décisions hâtives, inappropriées, donc erronées.