Marie-Christine Oghly

8 février 2006

Isabelle Marie

""> Quel était l’objectif du débat “les enjeux de la reprise”, organisé, fin 2005, par l’association Les Femmes Chefs d’Entreprise ?
L’idée était avant tout de sensibiliser les femmes chefs d’entreprise à l’enjeu des transmissions dans les années à venir. A cette occasion, nous avons demandé aux 400 participantes quelles étaient celles qui avaient racheté une PME. Une dizaine de mains seulement se sont levées.

> Quels arguments avancez-vous pour expliquer ce faible nombre ?
S’agissant de la reprise, les femmes ont davantage peur de l’échec et se lancent moins facilement. Elles ont moins l’habitude de se mettre en avant, sont plus discrètes et ont souvent peur de ne pas réussir. C’est pour cela que certaines commencent modestement en créant une petite activité et rachètent plus tard une société.
Autre explication : le conjoint qui ne soutient pas suffisamment sa femme. L’homme aura plus de facilité à convaincre sa femme. Même s’il veut reprendre une entreprise de l’autre côté de la France ! La femme aura tendance à suivre son mari et à accepter ses décisions alors que son mari aura certainement plus de difficultés à le faire.
Enfin, dernière explication, les cédants, très souvent, ont du mal à imaginer qu’une femme va leur succéder. Ils appartiennent à des générations où la femme joue un rôle traditionnel. Inévitablement, la première réaction du vendeur est la méfiance.

> Et pourtant, les qualités que l’on s’accorde à prêter aux femmes dessinent le portrait du repreneur idéal ?
C’est exact. Les femmes sont plus prudentes et pragmatiques. Elles apparaissent plus crédibles vis-à-vis des banquiers. J’ai l’exemple d’une grande banque anglaise qui a développé un secteur spécifique pour les femmes porteurs de projets. Cet établissement a constaté une grande prévoyance de leur part. Elles ne contractaient jamais un deuxième prêt sans avoir terminé de payer le premier.