Malheureusement, l’Insee ne veut pas publier à nouveau de statistiques sur la reprise

25 novembre 2008

Isabelle Marie

Depuis trois ans, il n’existe plus de statistiques en France sur la transmission d’entreprise. L’Insee, qui compte 6 000 salariés, a arrêté ce travail pourtant si important à bien des titres. Un responsable au siège de l’Insee nous avait affirmé, il y a quelques mois, réfléchir à la question et que ce dossier allait être étudié. Une réponse toute diplomatique. Mais dernièrement, un autre responsable de l’Insee en région, spécialiste des questions de l’entreprise, nous a assuré qu’il est hors de question que des statistiques spécifiques sur la reprise d’entreprise soient à nouveau établies.
L’Insee invoque divers biais : des commerces saisonniers réactivés chaque année faussent les données, certaines entreprises ne déclarent pas à l’administration qu’elles ont fait l’objet d’une transmission, il existe de trop nombreux types de transmission, etc. Certes. Mais ces difficultés ne semblent tout de même pas insurmontables pour des professionnels de la statistique disposant de moyens humains conséquents et à n’en pas douter compétents.
Les difficultés méthodologiques invoquées par l’Insee sont d’autant moins crédibles que dans certaines régions, les antennes décentralisées de cet institut ont pu mener récemment des études statistiques très fines sur la reprise d’entreprise comme en Limousin ou en Picardie.
Faute de chiffres nationaux, chacun opère ses propres recoupements et y va de sa petite estimation. Et bien entendu, les résultats diffèrent très sensiblement et surtout ils ne permettent pas d’appréhender les évolutions d’une année sur l’autre. A titre d’exemple, pour les reprises de PME de plus de 5 salariés, les estimations varient du simple au double, selon les experts.
Il est indéniable que des chiffres précis sur la transmission d’entreprise permettraient, par exemple, de mieux cibler et de mieux calibrer certaines politiques publiques. Le montant des aides financières pourrait être optimisé. Les stratégies d’accompagnement pourraient être affinées. Bref, tous les acteurs, repreneurs et cédants en premier lieu, y gagneraient. Mais l’Insee ne veut pas.