L’opération de reprise dope la performance des PME

27 janvier 2012

Isabelle Marie

""La récente étude de « BPCE L’observatoire » sur la cession-transmission des PME en France livre, notamment, d’intéressantes données quant à  l’incidence de l’opération de cession sur la vitalité de la PME.
Cette analyse veut apporter des réponses chiffrées à quelques interrogations très légitimes. Le dynamisme des PME est-il susceptible de ralentir avec l’avancée en âge du dirigeant lorsque celui-ci envisage la cession de son entreprise du fait de son départ en retraite ? Ces derniers utilisent-ils plus ou moins l’effet de levier de l’endettement à partir d’un certain âge ? La reprise de l’entreprise rend-elle celle-ci plus dynamique ?

La rentabilité décroît avant la cession de l’entreprise

Avant de se pencher sur l’incidence concrète de l’opération de reprise sur la santé de la PME, les auteurs de l’étude de BPCE L’observatoire ont analysé l’effet de l’âge sur la gestion de l’entreprise. Par le croisement de multiples fichiers et indicateurs, ils sont parvenus à une première conclusion : À mesure qu’ils vieillissent, les managers-actionnaires principaux des PME indépendantes de moins de 50 salariés ou appartenant à un petit groupe ont donc bien tendance à renforcer leurs fonds propres et à réduire leur endettement financier au détriment du développement de leur chiffre d’affaires et de leur rentabilité économique et financière, avant une cession éventuelle. En moyenne, la rentabilité économique et financière décroît nettement à partir du moment où le principal dirigeant franchit le cap des 60 ans. Ce phénomène est sensiblement plus marqué pour les structures de 10 à 49 salariés. Cette baisse de la rentabilité des PME ayant à leur tête un chef d’entreprise de plus de 60 ans a été chiffrée par les auteurs de l’étude : « Par rapport à la tranche de 55 à 59 ans, le résultat net rapporté au chiffre d’affaires est inférieur de plus de 10 % pour chaque taille de PME indépendantes comprise entre 10 et 249 salariés. Pour les filiales de petite taille, l’écart de rentabilité en fonction de l’âge apparaît plus élevé encore, mais il diminue nettement lorsque la taille de l’entreprise augmente », soulignent-ils.

Les repreneurs développent davantage que les cédants

Selon les auteur de cette étude, les choix des dirigeants dans le domaine de la stratégie de développement de leur entreprise sont en partie liés à leur contrainte de se constituer un patrimoine personnel afin de disposer d’un capital en vue de leur retraite, ou pour assurer un rebond éventuel vers une autre activité. Toutefois, selon les résultats d’une étude qualitative, il semble bien que  les dirigeants, quelle que soit la tranche d’âge, estiment devoir compter autant sur leur patrimoine privé accumulé au fil du temps que sur la valeur de leur outil professionnel.
« L’adoption progressive d’une stratégie « prudente » de gestion de l’entreprise à cette période de la vie peut donc s’analyser à la fois comme un ajustement à l’atteinte d’une taille critique de la personne morale et comme un moyen de sécuriser des ressources suffisantes pour assurer une protection patrimoniale de la personne privée », estiment les auteurs de l’étude de BPCE L’observatoire.
Selon cette même étude qualitative, sur les projets visant à « une optimisation des outils de production », à « une croissance du portefeuille client » ou encore à « de l’innovation en matière de produit », les intentions des repreneurs récents se situent entre 8 et 24 points au dessus de celles des cédants. Ces écarts entre repreneurs et cédants soulignent bien les vertus d’une reprise pour la relance d’une entreprise reprise.

Un regain de dynamisme des PME reprises

Une analyse menée sur 5 108 cessions de PME intervenues au cours de l’année 2005 est riche d’enseignements sur ce plan. De façon générale, les entreprises cédées semblent plus dynamiques, aussi bien en termes de chiffre d’affaires que de rentabilité, et davantage orientées vers la préparation du futur par le recours plus important à l’endettement. Autre indicateur : le taux de survie ou de défaillance. Pour les entreprises qui ont une notation moyenne, le taux de défaillance à trois ans apparaît systématiquement plus faible lorsqu’une reprise est intervenue. Toutefois, « en situation de bonne santé initiale de l’entreprise, la reprise semble accroître légèrement le risque de défaut, notamment pour les tailles de 20 à 249 salariés. Cependant, la cession est globalement un facteur d’augmentation de la survie, même si une partie de l’explication tient aux perspectives nécessairement plus favorables des sociétés reprises, en particulier quand leur notation est faible », précise l’étude.
BPCE L’Observatoire a étudié les incidences sur l’évolution du chiffre d’affaires, avant et après l’opération, pour ces PME dont la cession a eu lieu en 2005. L’étude met clairement en évidence un regain de dynamisme des PME reprises : « si 32,9 % des PME avaient un taux de croissance du chiffre d’affaires supérieur à 15 % sur la période 2002-2004, ce pourcentage passe à 39,8 % après cession sur la période 2006-2008. A contrario, celles dont le chiffre d’affaires baisse de plus de 5 % passent de 30,1 % à 24,2 % après l’opération. Le même type de surperformance est observé en comparaison avec les entreprises non cédées ».