L'exigence du retour des grands LBO au respect des règles de prudence pourrait-elle tuer les petits ?

18 mars 2008

Isabelle Marie

Après la crise des « subprimes » certains oiseaux de mauvais augure nous prédisent la tempête suivante, cette fois dans le ciel des fonds d’investissement, et en particulier dans celui du microcosme des LBO. Par ricochet, les financements de « petits deals » par simple montage de dette deviendront-ils également difficiles ?
Qui et que croire en effet dans cet environnement médiatico-financier où on nous serinait, il y a encore peu ,que seuls les « bons » projets manquaient, que l’argent n’était pas un problème. C’était l’époque où, vous en souvient-il, les LBO secondaires, tertiaires… fleurissaient, chacun espérant refiler la patate chaude ( à bon prix) au suivant.
Mais les meilleures choses ont une fin, le bon sens reprenant (enfin) ses droits à travers le contre-coup d’autres spéculations ( sur le marché immobilier américain en l’occurrence) tout aussi hasardeuses, mais de même nature : on ne peut pas durablement prêter plus que ce que l’emprunteur peut rembourser !
C’est pourquoi, les mêmes qui jadis vous disaient qu’un business plan à dix fois l’EBIT était parfaitement « cohérent », vous affirment aujourd’hui qu’il ne serait pas raisonnable d’envisager plus de six fois !
Les sages ( c’est à dire les sérieux, les puissants, les prudents du domaine), s’amusent aujourd’hui de ces outrecuidances, d’une part en attendant à l’abri que l’orage passe, et d’autre part en rachetant à vil prix des « blocs de participation » à ceux qui sont à court de liquidité.
Tout ceci pourrait ne pas être trop grave, dans la mesure où en France on ne dénombre chaque année qu’à peu près 200 opérations de LBO sur des PME. Cela représente certes beaucoup d’argent, mais en même temps n’est qu’une infime partie du nombre de transactions d’entreprises.
Malheureusement, ces opérations emblématiques ont, sur le marché global des petites PME, un double effet néfaste en cas de retournement de conjoncture :
 – d’abord sur le prix acceptable par les financeurs qui vont « exagérer » leur risque en abaissant les multiples (au- dessous de 4 fois l’EBIT) ;
– ensuite sur les garanties demandées aux acquéreurs( spécialement individuels) qui vont devoir au-delà du normal ré-assurer les financeurs.
Le risque ? Tout simplement que le marché se bloque par défaut de combattants, les vendeurs étant dissuadés de céder à un prix anormalement bas, les acquéreurs étant incapables de leur côté de donner les apports et garanties exigées. De ces conséquences possibles il convient de se pénétrer afin d’éviter un nouveau crack, celui de l’économie réelle, dont la bonne et petite monnaie aurait été chassée par de gros faux billets…
Bon courage aux politiques !