Chaque professionnel aujourd’hui possède sa propre opinion de l’évolution du marché de la transmission d’entreprise. Certains se montrent optimiste en constatant notamment une augmentation sensible du nombre d’opérations de croissance externe ; d’autres pensent que les conséquences de la sévère secousse de 2009 vont encore mettre du temps à s’estomper ; la majorité demeurent attentistes. Dès lors, il semble intéressant de se pencher sur les rares études qui mesurent le niveau et le volume des transactions réalisées.
L’indice Argos Mid-Market, qui fait état de l’évolution des valorisations des sociétés mid-market non cotées de la zone euro, est paru le 12 octobre. Si l’étude ne prétend pas à l’exhaustivité, elle procure toutefois une bonne image de la réalité du marché, en l’occurrence pour la période du premier semestre de cette année.
Il ressort que pour cette période, et après 5 semestres consécutifs de baisse, l’indice remonte enfin pour s’établir à 6,4 fois l’Ebitda , soit une progression de 7 % par rapport au second semestre 2009.
Incités par des conditions de marché plus favorables (taux historiquement bas), les industriels et fonds reprennent leurs transactions. Les premiers renouent avec la croissance externe après s’être concentrés jusqu’alors sur le redressement de leurs marges. Les experts d’Epsilon Research, qui réalisent cet indice, expliquent que « disposant d’un niveau important de fonds à investir et ayant stabilisé leur portefeuille de participation, les fonds LBO ont repris leurs acquisitions au premier semestre (+ 15 % en volume et + 35 % en valeur) ». Ils constatent également que les opportunités d’acquisition repartent à la hausse depuis le début 2010, certains cédants ne pouvant plus retarder indéfiniment la vente de leur entreprise.
Soulignons que les valorisations des cibles les plus performantes augmentent sensiblement, boostées par la concurrence entre les fonds. Ainsi, le multiple moyen du premier quartile est passé de 9,7 à 11 fois l’Ebitda.
Il apparaît clairement que, globalement, le nombre d’opération et le niveau des valorisations ne remontent que modestement sur le premier semestre 2010, ce qui témoigne de la prudence de la majorité des acteurs. Mais, la dynamique semble enclenchée. Sans tomber dans un optimise béat, il apparaît tout de même que les fonds ont de l’argent, les banques prêtent à nouveau et à de bons taux et que nombre de cédants semblent décidés à vendre.