Les trésors cachés de la Franche-Comté

28 mars 2007

Isabelle Marie

> Un marché caché et confidentiel
Le marché de la reprise de PME est essentiellement régional. Cela est d’autant plus vrai qu’il existe sur ce territoire une tradition de la PME familiale. « On a beaucoup de chef d’entreprises qui étaient auparavant des techniciens du cru. Petit à petit les salariés sont passés à l’entrepreneuriat », souligne Marie Marguerite Dufay du Conseil régional.
Autre constat : la discrétion des Francs-Comtois. « Ici, peut-être plus qu’ailleurs, je qualifierais le marché de hautement confidentiel. Les vendeurs se dévoilent très peu y compris auprès de professionnels comme nous. Il est très difficile d’avoir les informations à temps », confie Patrick Blasselle, DG de Franche Comté PME Gestion.

> Avis d’expert
Philippe Chevassus, Responsable transmission d’entreprises à la Banque Populaire Bourgogne Franche-Comté

"" “Les personnes extérieures n’ont pas très envie de s’installer mais celles qui s’y sont installées n’ont pas envie d’y partir. Notre région n’est peut-être pas la plus sexy pour un repreneur de PME-PMI. Je mets beaucoup d’énergie à accueillir le plus tôt et le mieux possible les repreneurs en allant à leur rencontre dans les régions limitrophes. Si on ne le fait pas, on les retrouvera ailleurs. Comme la région a particulièrement souffert sur le plan économique, la transmission et la reprise d’entreprise est peut-être plus qu’ailleurs un marché de professionnels. Gérer et manager des dossiers de transmission est assez sain. Il y a un climat de confiance. En général, ça se passe bien. ”

> De nombreuses opportunités
Combien savent que la Franche-Comté est la première région industrielle en proportion des emplois, et l’une des premières à exporter ? Sans doute peu. Facilement accessible depuis de nombreux points de France et de l’étranger la région a su développer des secteurs d’activités très divers. Les opportunités de rachats sont ainsi possibles dans de nombreux domaines : la métallurgie travaillant notamment pour l’automobile (Montbéliard , Vesoul et Belfort), des unités spécialisées dans la miro-mécanique à dénicher dans le bassin d’emploi de Saint-Claude (l’optique), Besançon et Morteau (Horlogerie). La fabrication de machines et d’équipements est concentrée sur Belfort. Des cessions de PME dans le meuble sont à prévoir du côté de Lure-Luxeuil, mais aussi dans la plasturgie (Saint-Claude et autour de Besançon). Enfin, de belles cibles sont à repérer dans l’agroalimentaire notamment dans le fromage (Haute-Saône et le Haut-Doubs) et d’autres à Besançon, Lons-le-Saunier et Dole.

> Témoignage
Roland Berthélemé, repreneur de la société OMEDEC Amancey (Doubs)

"" Depuis juin 2000, je dirige OMEDEC, PMI située à 25 km de Besançon, spécialisée dans le découpage et l’emboutissage. Je n’avais pas l’intention de m’installer en Franche-Comté. Je ne connaissais absolument pas la région et cela ne m’a aucunement effrayé. Je rentre chez moi, à Boulogne, tous les jeudis soir, par le train, et je repars à Amancey le lundi matin. » Avec 60 salariés et un CA d’environ 6 millions d’euros, OMEDEC est confrontée, comme bon nombre de PMI de la région, aux donneurs d’ordres et aux délocalisations. Nous avons aujourd’hui des relations avec les collectivités locales, mais il est très difficile de leur faire prendre conscience de l’exigence à avoir une politique industrielle adaptée aux rigueurs actuelles. Il manque en Franche-Comté un pilote industriel.