« Parmi les freins à la croissance, deux se détachent nettement des autres : le coût de la main-d’œuvre et les difficultés à recruter du personnel qualifié », révèle une étude* de l’Observatoire des PME d’OSEO, publiée en février dernier. Viennent ensuite les contraintes liées à l’environnement juridique et réglementaire actuel, la difficulté de déléguer le pouvoir de façon confiante et efficace et les difficultés liées aux délais de paiement. L’insuffisance des fonds propres n’est citée qu’en 7e position. L’Observatoire des PME, qui s’est fixé comme objectif principal de mettre en évidence, au-delà des évolutions conjoncturelles, les principes et les modes de fonctionnement des PME, s’est ainsi intéressé aux déterminants de la croissance pour essayer de comprendre les mécanismes qui font que des entreprises se développent plus ou moins vite. Selon lui, les mêmes freins concernent toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
« En réalité la différenciation de croissance se fait sur l’envie : d’un côté, des dirigeants qui considèrent que « croître est synonyme de prise de risque excessif, de complexité plus forte… pour un résultat espéré incertain » ; de l’autre, ceux qui par acceptation du risque, maîtrise du risque par la compétence, recherche d’un développement à l’étranger se placent sur une trajectoire de développement. » La personnalité du dirigeant est donc un élément déterminant. Les auteurs de l’enquête rappellent qu’« en 1991, 30 % des dirigeants de PME de 3 à 500 salariés privilégiaient une stratégie d’activité sur leurs marchés existants plutôt que sur des marchés nouveaux avec leurs produits existants plutôt qu’avec des produits nouveaux, stratégie qualifiée de « prudente » et qui s’accompagnait d’une recherche prioritaire de la rentabilité. » Et dans le sondage réalisé par IPSOS en 2008 pour les besoins de l’étude, « 27% des dirigeants de PME de 10 à 250 salariés déclaraient ne pas souhaiter développer leur entreprise. » Pour l’Observatoire, « il y a donc bien persistance d’un socle de « réfractaires » à la croissance. »
Parmi les raisons évoquées par les dirigeants qui ne souhaitent pas développer leur entreprise, vient en premier le fait qu’ils estiment qu’elle a atteint une taille satisfaisante, ensuite qu’ils jugent que le marché n’offre pas suffisamment de perspectives et enfin ils évoquent des raisons d’ordre réglementaire, juridique ou administratif. Autres enseignements de l’enquête, il apparaît que le capital humain est cité comme le principal atout de la PME (à 55%), loin devant le dynamisme du secteur d’activité, la capacité de l’entreprise à innover (13%) ou sa situation financière (11%).
Enfin, le rapport de l’Observatoire de PME se penche également sur la récession économique actuelle, qui ne semble pas modifier profondément les résultats. « La crise actuelle ne semble pas remettre en cause l’état d’esprit général des dirigeants quand ils se projettent à long terme : près de la moitié d’entre eux restent convaincus qu’il n’existe pas de limite au développement des PME. » Même si bien sûr, une hausse des préoccupations d’ordre financier a été constatée. Par exemple, la difficulté à trouver les ressources nécessaires au financement d’un projet qui n’était citée comme frein à la croissance, en mai 2008, que par 35% des répondants, l’a été en octobre 2008 par 47% d’entre eux. La crainte de ne pas être suivi par son partenaire financier est passée de 32 à 45 %.
* Source : Regards sur les PME n° 17, Observatoire des PME, OSEO