Le repreneur réaliste doit bien prendre conscience qu’il va certainement vivre un curieux paradoxe. Alors que durant le processus de reprise il va mener toutes les actions possibles pour bien appréhender la cible et ainsi limiter au maximum les risques, il va fatalement connaître des mauvaises surprises, les fameux cadavres dans le placard, lorsqu’il prendra la direction effective de l’entreprise rachetée.
Comme nous l’indiquait récemment un repreneur « la société rentable, sans risque et bien structurée, elle n’est pas à vendre ». L’acheteur potentiel doit bien prendre conscience que le cédant, et c’est bien naturel, va tenter de présenter la cible sous ses meilleurs atours pour en retirer le meilleur prix. Les différents audits, certes importants, voire indispensables, ne suffisent souvent pas à révéler les faiblesses et les failles de la cible.
Il ressort de l’expérience de nombreux repreneurs qu’il faut aller au-delà de ces audits pour essayer de déceler des difficultés potentielles ou bien réelles. Sans tomber dans la paranoïa aiguë, le repreneur sérieux se doit de douter et de ne pas prendre pour argent comptant les affirmations du cédant.
Avec du recul, nombre de repreneurs confient, par exemple, qu’ils auraient dû tout faire pour entrer dans la société et discuter avec des membres du personnel et qu’ils auraient eu intérêt à rencontrer les principaux clients et fournisseurs. Il ne s’agit là que de deux exemples. Le repreneur doit bien se garder de tout optimisme mal placé, en d’autres termes de naïveté, et s’attendre à quelques mauvaises surprises car, encore une fois, la cible idéale n’est pas sur le marché.
Dans les faits, les mauvaises surprises coûtent de l’argent. Pour cette raison, le plan de financement ne doit pas être trop tendu et permettre au repreneur d’avoir une certaine souplesse afin, le cas échéant, de pouvoir gérer au mieux des imprévus.