Le repreneur doit-il se plaindre du durcissement des conditions d’octroi du crédit ?

25 août 2009

Isabelle Marie

La souplesse et la générosité des banques françaises à l’égard de leurs traders seraient-elles inversement proportionnelles à celles dont elles font preuve envers les repreneurs et les entrepreneurs en quête de crédits ? Il semble bien que oui. C’est notamment pour cette raison que les patrons des principaux établissements bancaires du pays viennent de se faire tancer à l’Élysée.
Principal reproche : ils ne respectent pas leur engagement d’une progression de 3 à 4 % de leurs encours de crédit en 2009 par rapport à l’année précédente. Selon les dernières estimations, cette augmentation se sera que de 2 % sur l’ensemble de 2009. Rappelons qu’il s’agit de la seule contrepartie au plan de soutien dont les banquiers ont bénéficié en octobre 2008 avec plus de 20 milliards d’euros d’aides directes. Pour leur défense, les banques arguent, qu’en période de crise, la demande de crédit est plus faible et que le recours au marché obligataire est plus important. La CGPME leur rétorque que, selon ses dernières estimations, les deux tiers des PME ont un besoin de financement et que 78 % des patrons estiment être confrontés à un durcissement des conditions d’accès au crédit. Le sentiment chez les repreneurs est identique.
C’est à ce niveau que réside le nœud du conflit entre l’État, et plus largement l’opinion publique, et les banques.
Il aurait été bien naïf de penser que, du fait qu’ils avaient reçu une aide publique, les banquiers allaient se muer en assistantes sociales des PME et des porteurs de projets. C’est pourtant ce qu’a laissé entendre, à tort, le gouvernement dans sa communication. D’où des attentes et des espérances déçues. Car les bons sentiments n’ont évidemment pas leur place dans les relations financières entre acteurs économiques, crise ou pas crise. Les banques demeurent des entreprises dont l’objectif est de réaliser des profits. Elles ne veulent donc pas de créances peu sûres et se montrent plus sélectives.
Les repreneurs, comme les patrons, font les frais de ce durcissement des conditions d’octroi du crédit. Les critères prudentiels ont été réajustés : exigence en matière de garantie accrue, demande d’apport personnel plus élevé, trésorerie conservée au sein de l’entreprise équivalente à au moins une année de BFR, montant maximum du prêt ne dépassant que rarement 4 fois l’excédent brut d’exploitation, bonne connaissance du secteur de la cible, etc. Ces exigences sont certes antinomiques avec une progression du volume des crédits.
Mais le repreneur peut toutefois se dire que la situation financière de la cible, dont il aura pris les rênes, sera d’autant plus saine que les conditions d’octroi du crédit auront été sévères. Un crédit trop généreux risque en effet d’être difficile à rembourser sans assécher l’entreprise et sans obérer son potentiel de développement. De même, le repreneur ne pourra que se satisfaire de commencer son activité avec un niveau de trésorerie sécurisant.
En dépit des remontrances de l’État et de l’hostilité de l’opinion publique, les banques ne vont pas pour autant se montrer plus souples dans l’attribution du crédit. Le repreneur doit le savoir et monter un dossier d’autant plus solide.