Beaucoup de dirigeants de PME repoussent au maximum le moment de la cession de leur entreprise par peur de "l’après". Un récent rapport du cabinet KPMG, réalisé pour le compte du ministère de l’Économie, pointe ce problème. Les auteurs soulignent que, dans bien des cas, la cession est vécue comme une perte de pouvoir, de légitimité et donc de statut par le chef d’entreprise. En conséquence, peu d’entre eux planifient cette étape majeure dans la vie de leur société. Selon les derniers chiffres de KPMG, seulement 44 % des patrons de PME l’ont fait.
Pour plus de la moitié des dirigeants ayant récemment cédé, la préparation de la cession a duré moins d’un an. Ce qui, admet l’ensemble des professionnels de la transmission, s’avère notoirement insuffisant. Il est vrai que le souci de confidentialité demeure souvent fort et freine cette phase. L’entreprise doit être préparée, d’aucuns diront parée, en particulier sur les plans juridique et commercial pour être transmissible. Pas assez attrayante, elle risque de péricliter. Il en serait ainsi de 10 % des entreprises à céder qui fermeraient faute de repreneur. Pas transmise dans de bonnes conditions, elle ne restera pas pérenne et déposera le bilan quelques années après la reprise. Les dégâts causés, là encore par le manque d’anticipation, seraient importants.
Pour tenter de juguler ce problème, le rapport remis à Bercy propose un « programme national d’audit et d’accompagnement des PME », d’un coût estimé à 100 millions d’euros, visant prioritairement les PME de plus de 20 salariés dont le dirigeant a plus de 50 ans. L’objectif est de les préparer au mieux en faisant un état de leur « transmissibilité » et en identifiant leurs axes de développement.
Le gouvernement n’a pas tenu compte de cet aspect du rapport de KPMG pour élaborer le projet de loi de modernisation de l’économie (LME) qui contient très peu de mesures sur la reprise. Le texte qui passe devant le Parlement d’ici quelques jours pourrait être fort utilement amendé sur ce point. Sous cette même législature, le travail parlementaire a déjà pu faire évoluer sensiblement un projet de loi. Espérons qu’il en sera de même pour la LME.