La tendance à la reprise du marché de la transmission des PME, amorcé en 2017, s’est confirmée l’an passé. Il s’agit de l’un des principaux enseignements de la 9e édition du Baromètre de la Transmission de PME en France, réalisé par Epsilon Research, en partenariat avec le CNFA (syndicat des professionnels du conseil en fusion, cession, acquisition et financement d’entreprises).
En recoupant différentes sources et en menant ses propres enquêtes, Epsilon Research parvient, chaque année, à dresser un panorama au plus proche de la réalité de ce marché de la transmission de PME de 20 à 205 salariés qui, il est vrai, est relativement difficile à cerner. Comme l’expliquent les analystes d’Epsilon Research, ce marché demeure relativement opaque, les données peu disponibles et les opérations cachées nombreuses.
Selon les données d’Epsilon Research, le volume de transmission à progresser d’environ 2 % en 2018. Une hausse, certes, modeste, mais qui intervient après une progression de 10 % en 2017 et qui vient donc confirmer la reprise de ce marché après un long cycle baissier amorcé en 2009 suite à la crise économique, puis suivie par un choc réglementaire et fiscal, bien spécifique à la France, sous la présidence Hollande.
« L’impact de taux d’intérêt faibles, ainsi que la politique française désormais probusiness sont autant de facteurs qui ont favorisé ce marché. Quant à la réforme fiscale, la loi Pacte ou encore la suppression de l’ISF, leurs effets commencent à se faire sentir sur les opérations de transmission et devraient s’accentuer en 2019 », souligne Grégoire Buisson, président d’Epsilon Research.
Si la progression en volume s’est révélée relativement modeste, il en va tout autrement en termes de prix. Selon ce Baromètre de la Transmission de PME, les prix de cession ont augmenté, en moyenne, de 13 % sur l’année. Notons que la progression est de 40 % sur les 5 dernières années. Il s’agit, en partie, d’un phénomène de rattrapage.
Une polarisation du marché
Epsilon Research a mené un intéressant travail sur la dynamique des acquéreurs. Celle-ci varie clairement en fonction de la taille des cibles. Il apparaît que 34 % des cibles valorisées entre 15 et 50 millions d’euros ont été reprises par de grands groupes cotés. Ces derniers ont repris 13 % des PME entre 1 et 5 millions d’euros. Pour leur part, les fonds ont fait l’acquisition de 8 % des PME de 1 à 5 millions d’euros, de 30 % de celles de 5 à 15 millions d’euros et de 44 % de celles de plus de 15 millions. Notons que les acquéreurs étrangers sont présents sur tous les segments, avec en moyenne, un peu plus de 20 % des acquisitions.
Autre élément mis en exergue par cette étude, le profond déséquilibre entre l’offre et la demande. Ce baromètre révèle ainsi une certaine polarisation de ce marché avec, d’une part, un certain nombre de cibles attractives autour desquelles la demande se concentre et, d’autre part, une majorité d’entreprises qui ne trouve pas preneur.
Selon Epsilon Research, les acquéreurs ne sont pas responsables de cette situation. « Ils sont nombreux, actifs, disposent de liquidité et de financement comme jamais auparavant. Les problématiques autour de la fiscalité sont partiellement résolues avec la suppression de l’ISF et de la flat tax ou encore avec les améliorations du pacte Dutreil. « La seule raison qui explique ce déficit de PME à transmettre vient du fait que la majorité d’entre elles ne sont tout simplement pas transmissibles. Les explications sont connues : marges qui ne se sont pas reconstituées depuis la crise de 2008, entreprises évoluant dans des secteurs d’activité peu dynamiques ou insuffisance de préparation des dirigeants », poursuit Grégoire Buisson.