Qu’ils soient experts-comptables, intermédiaires, banquiers ou encore avocats, la majorité des professionnels agissant dans la sphère de la transmission d’entreprise s’accorde sur au moins un point : en règle générale, les cédants n’anticipent pas, ou pas assez, la cession de leur outil de travail. De cette carence résulte des entreprises qui ne sont pas mûres pour être cédées : que ce soit sur le plan juridique – il faut, par exemple, parfois savoir mettre à temps l’immobilier dans une autre structure – sur le plan productif – l’outil est obsolète – ou encore à d’autres niveaux.
Hervé Novelli a décidé d’agir en proposant son plan transmission. Il est vrai que dans ce domaine le patronyme de son prédécesseur revient beaucoup plus souvent dans les conversations que le sien. Peut-être commence-t-il à s’en offusquer quelque peu.
L’un des objectifs, louable, de ce plan gouvernemental, initié donc par l’actuel secrétaire d’État aux PME, est de davantage sensibiliser les cédants potentiels à cette étape cruciale pour leur entreprise. Une série de 500 « pré-diagnostics de performance », en d’autres termes des audits, va être lancée avant la fin de l’année. Coût pour l’État : 2 millions d’euros. Un argent du contribuable qui sera assurément bien utilisé si ces audits, menés par des cabinets de consultants, contribuent à générer des reprises pérennes, du fait d’une cible qui sera rendue réellement transmissible.
Dans ce même plan gouvernemental, le réseau des CCI s’est engagé à contacter pas moins de 20 000 patrons pour faire le point avec eux sur leur réflexion en matière de transmission et les conseiller le cas échéant. Ces initiatives vont certes dans le bon sens. Elles ne se révéleront réellement efficaces cependant qu’à condition, au-delà l’examen « technique » de la PME, que les intervenants (CCI et consultants) parviennent à faire comprendre à certains cédants trop gourmands, et finalement assez nombreux, qu’il n’est pas sain d’exiger un prix exorbitant pour leur entreprise. L’avenir même de cette dernière pouvant alors être hypothéqué du fait des difficultés pour le repreneur de rembourser une dette qui ne serait pas en adéquation avec les capacités de l’entreprise à dégager du profit.
Toujours dans le cadre de ce plan, Hervé Novelli a décidé de quasiment doubler le plafond des prêts accordés aux repreneurs par Oséo, en le portant à 400 000 euros. Une mesure évidemment bienvenue dans le contexte actuel.
Après avoir misé sur la fiscalité au travers des dispositions contenues dans la LME, le gouvernement use, avec ce nouveau plan, davantage du levier de l’information, voire de celui de la psychologie. Il faudra attendre plusieurs mois avant de tenter une première évaluation de l’ensemble de ces politiques.