Le chômage des dirigeants, et parmi ces derniers de repreneurs, demeure un sujet dont il est peu fait état. Et pourtant, cette situation difficile concerne des dizaines de milliers d’entrepreneurs. Selon les données de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs (réalisé par Altares et l’association GSC) 50 185 dirigeants auraient perdu leur emploi en 2018 du fait d’une liquidation judiciaire. Notons toutefois que « seules » 68 % des entreprises en défaillances (environ 53 000 en 2018) sont en liquidation judiciaire. Quoi qu’il en soit des données précises, le nombre de dirigeants privés d’emploi est, bien entendu, très important.
Selon cet observatoire, le nombre d’entrepreneurs ayant perdu leur emploi en 2018 reste stable par rapport à l’année précédente. L’âge médian des dirigeants impactés est de 46 ans. Ce qui peut paraître inquiétant est que plus d’un tiers des dirigeants touchés par une perte d’emploi a plus de 50 ans. « On pourrait s’attendre à ce que les entrepreneurs plus expérimentés soient mieux préparés aux aléas. Mais, aujourd’hui, le modèle économique doit être sans cesse repensé sous peine de fragiliser l’entreprise, estiment les auteurs de l’étude. Cette nécessaire agilité n’est pas toujours aussi bien ancrée chez les quinquagénaires qui pilotent leur entreprise depuis longtemps que chez les jeunes ».
Les petites structures sont les plus vulnérables
Dans le détail, il apparaît que les commerçants, artisans et gérants de TPE sont les plus impactés. Ainsi, selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, 6 650 artisans et commerçants ont perdu leur emploi lors de l’année 2018. Un chiffre certes en léger recul, mais qui demeure toutefois à un niveau élevé. Avec 27 919 sans-emploi, les gérants de SARL forment le plus important bataillon.
Il est à noter que, toujours selon les chiffres de l’Observatoire, 17 359 des entrepreneurs en situation de chômage en 2018 étaient aux commandes d’une entreprise réalisant un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 euros, ce qui confirme la vulnérabilité des petites structures par rapport aux entreprises plus importantes.
Ce sont les entrepreneurs oeuvrant dans le bâtiment et dans le commerce qui représentent les deux secteurs les plus touchés par ce phénomène avec respectivement 25 % et 23 % du total des dirigeants ayant perdu leur emploi en 2018. « Les dirigeants exerçant dans les professions en contact direct avec les consommateurs et dont l’activité n’est pas aisément transformable sont les plus exposés », peut-on lire dans l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs.