Le bâtiment : un secteur tentant mais risqué

26 mars 2008

Isabelle Marie

""Dans le bâtiment, tous les indicateurs sont au vert. En 2007, l’activité a ainsi augmenté de 3,5 % en volume et les prévisions pour 2008 sont optimistes. Par ailleurs, les organisations professionnelles parlent de 70 000 à 100 000 entreprises à reprendre dans les 10 ans. Une situation dont la presse se fait régulièrement l’écho. Résultat : les candidats à la reprise se ruent dans le secteur avec l’espoir de dénicher la bonne affaire. Sans être nécessairement conscient de ce qui les attend. En effet, le bâtiment, milieu réputé dur et rustique fortement touché par l’absentéisme et le turn-over, en a envoyé plus d’un sur la paille. De l’avis des experts, les repreneurs qui ne sont pas du métier ont de grandes chances de déposer le bilan, surtout s’ils rachètent une entreprise de dimension artisanale. 

> Faire preuve de mobilité
Les candidats à la reprise, qui cantonnent trop souvent leurs recherches à un périmètre géographique restreint, doivent faire preuve de mobilité. Autrement dit, quand un dossier tient la route, il ne faut pas avoir d’état d’âme et foncer même si l’entreprise est située à 400 km.
Enfin, ceux qui parviennent à trouver une cible intéressante ont tout intérêt à suivre une formation accélérée auprès d’un organisme dédié aux adultes (Afpa, Greta…), histoire de maîtriser les rudiments du métier et d’être crédible vis-à-vis des salariés, clients, fournisseurs et autres partenaires. 

> Avis d’expert
Claude Cutajar, secrétaire général adjoint de la Capeb 75 – Paris et Petite Couronne (syndicat des entreprises artisanales du bâtiment)
« Il ne suffit pas d’être issu d’HEC et bon gestionnaire pour faire tourner efficacement une très petite entreprise du bâtiment. Dans une microstructure, en effet, le repreneur sera obligé de mettre la main à la pâte. Car si trois personnes seulement sont présentes dans l’entreprise, et que l’une d’elle – en l’occurrence le repreneur – n’est pas productive, l’activité n’est pas viable économiquement. Moralité : quand on n’a pas fait ses gammes dans le bâtiment, il faut cibler une PME pour maximiser ses chances de succès ». 

> Avis d’expert
Christine Corde, chargée d’affaires au sein du cabinet de conseil Intercessio
« Il a pléthore de très petites boîtes à reprendre. En revanche, côté PME, les offres ne sont pas légion. On manque de bons dossiers, c’est-à-dire de dossiers relatifs à des entreprises structurées, présentant de bons fondamentaux financiers (rentabilité récurrente, trésorerie saine…), proposées à un prix cohérent par un cédant réellement vendeur. Et quand une belle opportunité se présente, il n’est pas rare qu’une entreprise familiale soit sur le coup. »