Il est une thématique rarement abordée dans les ouvrages consacrés à la reprise d’entreprise ou lors des salons et diverses manifestations dédiés à l’entrepreneuriat : la reprise d’une PME par deux repreneurs associés. A priori, l’idée n’est pas naturelle. Le repreneur personne physique qui se lance dans l’aventure du rachat d’une cible est, dans la majorité des cas, dans une démarche très personnelle avec l’objectif in fine de diriger seul son entreprise et de la mener comme bon lui semble. Après des années de salariat et de contraintes hiérarchiques, le repreneur rêve de liberté entrepreneuriale.
Pourtant, ceux qui ont fait le choix de s’aliéner un petit peu de cette liberté en s’associant avec un autre entrepreneur pour reprendre une cible y trouvent bien des avantages, et ce, dès le début du processus. En effet, dans la quête de la cible idéale, mener les recherches à deux multiplie mathématiquement les chances et permet de gagner souvent de précieux mois.
Une association va ouvrir davantage le champ des possibles, car les moyens financiers engagés seront, par définition, plus importants. La reprise d’une cible d’une taille supérieure à celle envisageable avec l’apport d’un seul repreneur devient faisable. La recherche du financement est, elle aussi, facilitée. Le banquier étant souvent rassuré par deux emprunteurs ainsi que par l’association de deux compétences. Celui-ci y voit une dilution de son risque.
Il en va de même pour le cédant qui, au-delà du prix de vente, se soucie fort légitimement de la pérennité de son entreprise. La complémentarité de deux repreneurs peut lui aussi le rassurer. Si la cible est convoitée par plusieurs entrepreneurs, un duo peut ainsi bénéficier d’un avantage concurrentiel.
Bien entendu, une fois la cible acquise, et si les rôles de chacun sont intelligemment définis, cette addition de compétences peut se révéler bénéfique dans la gestion et le développement de l’entreprise.
Toutefois, reprendre à deux n’est pas une formule magique. Comme dans toute aventure entrepreneuriale, des risques existent. Tous les points se doivent d’être abordés entre les deux associés bien en amont : quels seront les rôles de chacun ? Comment seront répartis les pouvoirs et les fonctions ? Quels sont les objectifs de chacun à court, moyen et long terme ? Quels seront le niveau et le type de rémunération ?
Les deux associés doivent aussi avoir conscience dès le départ, la réalité le prouve, qu’après quelques années à la tête de codirection de l’entreprise, le couple peut se défaire. Pas forcément de façon conflictuelle, mais, car les aspirations ou les visions stratégiques ne seront plus les même