Dans un même temps, le repreneur va découvrir une nouvelle entreprise, sa cible, mais aussi un tout nouveau métier, celui de patron. Et parfois même un nouveau secteur… Il lui faudra donc être solide et apprendre très vite. Il devra développer ses capacités d’analyse, d’écoute, de prise de décision. Il n’évoluera plus au sein d’une hiérarchie, mais se retrouvera seul. Le repreneur se devra d’être multicompétent : gestion, management, commercial, production, etc. Il va devoir faire preuve d’une grande, ou mieux très grande, capacité de travail. Le repreneur devra non seulement bien gérer son entreprise, mais aussi, et surtout, la développer. Car il y a une dette senior à rembourser, il faut donc générer du cash flow. Pour couronner le tout, dans bien des cas, il lui faudra accepter des revenus, du moins dans les premiers temps, bien moindres que ceux dont il pouvait disposer lorsqu’il était cadre supérieur dans un grand groupe. Bref, le repreneur devra faire face à de nombreuses contraintes et exigences. Si l’aventure de la reprise peut être exaltante, elle s’assimile aussi à un vrai challenge.
C’est pourquoi, avant de se lancer dans sa quête d’une cible, le repreneur se doit de réaliser une vraie introspection, et ce en toute honnêteté. Il lui faudra procéder à un bilan le plus objectif possible de ses forces, de ses faiblesses, de ses compétences, de ses lacunes. Il ne devra éluder aucune question sur lui-même. « Connais-toi toi-même », enseignait Socrate.
Il doit se questionner par rapport à l’argent. La reprise est-elle avant tout un moyen pour en gagner ? Il devra aussi s’auto-interroger sur les problématiques de changement, de pouvoir ou encore de risque. En fonction de ses capacités, il n’hésitera pas à avoir recours, ou pas, à des compétences extérieures. Il devra aussi bien se positionner quant à la taille de la structure qu’il souhaite, ou qu’il peut, reprendre. Diriger une TPE de 3 ou 4 salariés ou une PME d’une quinzaine de collaborateurs n’est pas le même métier : homme-orchestre dans le premier cas, chef d’orchestre dans le second. Par ailleurs, un questionnement sur le soutien familial dont il pourra disposer n’est pas superflu, loin de là.
A l’issue de cet exercice, le futur patron pourra sans doute mieux orienter ses axes de recherche, quitte à viser plus petit, et moins cher, qu’initialement prévu ou rêvé. Il aura pris conscience de la nécessité, ou non, d’une ou plusieurs formations même si les apprentissages consomment du temps et de l’argent. Il saura sans doute s’il peut déménager ou non avec sa famille loin de ses bases. Il aura une idée plus précise de la dimension idéale de la structure à reprendre. Quelques questions et des réponses honnêtes feront débuter l’aventure entrepreneuriale du repreneur sur de bonnes et saines bases.