Vous souhaitez reprendre une entreprise. Votre apport personnel est bien faible, en tout cas sans commune mesure avec le prix de cession de votre cible. Que faire ? Pensez au LBO, cette technique de financement avec effet de levier qui est aujourd’hui largement utilisée dans le cadre de reprise de société. Cette appellation générique cache une multitude de techniques comme le LBI, le LBMO, le BIMBO et autre LBU mais le principe est toujours le même : il s’agit de créer une holding qui va acquérir la cible par emprunt bancaire et, dans certains cas, par l’apport de fonds d’investisseurs. « Il est impératif que la société cible fasse des résultats, et dégage donc du cash flow, car c’est au moyen de la remontée de dividendes que l’amortissement de l’emprunt et des intérêts sont payés. Pour qu’il y ai LBO, il faut pouvoir maîtriser cette remontée de dividendes. Il faut donc que la holding possède au moins 50 % des parts », explique Gaspard Brulé, avocat associé chez BMS.
> Avis d’expert
Nicolas Boschin, avocat et auteur du guide pratique du LBO
« Le plus gros travail est la phase préliminaire de recherche de société par le ou les repreneurs. Il devient aujourd’hui de plus en plus difficile de trouver une société suffisamment solide pour pouvoir supporter un endettement type LBO. Cette première phase doit permettre de récupérer un maximum d’éléments financiers. Il est assez fréquent de passer par un mandataire de vente qui présente la société sous ses aspects juridique, comptable, industriel et financier. A ce stade, il peut s’avérer très utile d’adhérer à un club de repreneur. En général, les temps de recherche sont assez longs car il y a beaucoup de concurrence, beaucoup de gens sur le marché qui recherchent des sociétés. Cela peut aller de quelques mois à deux ans».
> Des contraintes de gestion
La conduite des affaires d’une entreprise sous LBO se révèle assez particulière. Le LBO implique une gestion du cash flow très rigoureuse. Les dirigeants de la société se retrouvent du jour au lendemain avec une dette, souvent conséquente, à financer ; ils sont donc contraints de gagner en rentabilité. Cet impératif se traduit fréquemment par la réduction du BFR (besoin en fonds de roulement), par des renégociations de contrats, etc. Il s’avère donc d’autant plus important pour le repreneur de prévoir tous les projets d’investissement et de développement dès le stade du business plan. Car une fois l’opération lancée, les capacités d’investissement seront plus limitées.
> Témoignage
Pascal Voulton, président de Sofimac Partners
« Il peut arriver que le LBO soit très tendu et que la société ai du mal à le payer. Dans ce cas, nous pouvons revoir nos objectifs de rentabilité à la baisse. Donc, nous sommes un facteur de souplesse, un facilitateur, nous pouvons éventuellement refinancer si l’on croit vraiment à un progrès. Nous essayons de dimensionner les reprises afin qu’il demeure une capacité de remboursement. Nous sommes toujours en accompagnement du repreneur sans chercher à se substituer à lui. Nous sommes très actifs mais dans une logique de partenariat ».